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LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
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Justine Triet parle d’or
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Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
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QUAND NOUS ÉTIONS SORCIÈRES

(The Juniper tree) Écrit et réalisé par Nietzchka KEENE - USA/Islande 1990 1h19 VOSTF - avec Björk Gudmunsdottir, Bryndis Petra Bragadottir, Valdimar Orn Flygenring, Gudrun Gisladottir... D'après Le Conte du genévrier des frères Grimm. Inédit.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

QUAND NOUS ÉTIONS SORCIÈRESSur une lande islandaise balayée par les vents, en un temps oublié des Hommes et de l’Histoire, deux femmes, proscrites, s’enfuient, recherchant un asile. Deux sœurs en déshérence, deux fraîches orphelines, par le sort éprouvées, et par la justice des hommes condamnées : sorcières, comme leur mère, qui périt immolée. Mais Katia, la volontaire, et Margit, la mutique, refusent de s’en laisser compter. N’espérant nul secours, elles vont pourtant trouver dans une ferme isolée une aide inespérée, celle de Johann, un veuf, un cœur à prendre, et de son fils Jonas. Si Margit et Jonas se lient vite d’amitié, il n’en va pas de même avec Katia, que Jonas soupçonne d’avoir ensorcelé son père. Entre ces deux jaloux, une guerre sourde s’amorce, impitoyable, tandis que Margit, habitée par des visions de sa défunte mère, s’enfonce dans un monde aux frontières du réel. Parviendra t-elle, en déchiffrant les signes envoyés de l’Au-delà, à empêcher le drame qui s’annonce ?

Librement inspiré d’un conte des frères Grimm, Le Conte du genévrier, Quand nous étions sorcières plonge ses racines dans le terreau millénaire des sagas islandaises, dont il reprend le souffle épique pour le mettre au service d’un drame intimiste, d’un « kammerspiel » aussi dépouillé que les paysages immenses et arides qui enferment les personnages dans leur solitude et leurs passions secrètes ; mais à la différence des frères Grimm, dans les histoires desquels les femmes ont rarement le beau rôle, Nietzchka Keene opte pour une vision nettement plus féministe, ou à tout le moins plus ambivalente. Si les deux sœurs sont des sorcières, c’est parce que les hommes les ont déclarées comme telles, et c’est autant par désir de vengeance que par nécessité qu’elle vont endosser ce rôle ; Katia délibérément pour arriver à ses fins, Margit de façon plus subtile, plus mystérieuse. Sans que l’on sache jamais d’ailleurs à quel point elles y croient elles-mêmes, ou à quel point ce qui nous est montré advient réellement. Tout à la fois récit fantastique, drame de la jalousie et quête spirituelle, ce film brasse avec une étonnante économie de moyens des archétypes éternels pour en offrir une version nouvelle, d’une beauté sidérante.

Car la beauté est partout dans ce film, même au cœur des âmes blessées et des sentiments les plus noirs. Épaulée par Randy Sellars – obscur chef opérateur de seconde équipe qui, par sa maîtrise du noir & blanc, révèle ici un talent digne des plus grands –, Nietzchka Keene fait de chaque plan un tableau qu’on croirait sorti de la palette d’un Georges de La Tour, sans que cela prenne jamais le pas sur la marche de son récit. Vériste comme Les Onze Fioretti de François d’Assise de Rosselini par la sobriété des comédiens (parmi lesquels on découvre une jeune Björk de 19 ans, oui, cette Björk-là, qui crève l’écran dans le rôle de la pure Margit) et sa description d’un Moyen-Âge rude pour les pauvres, ; nimbé de la même puissance allégorique que Le Septième sceau de Bergman, ce météore sorti des limbes des cinémathèques resurgit aujourd’hui, trente ans après, avec la fulgurance d’un coup de tonnerre dans un ciel bleu.

Quand nous étions sorcières évoque des sortilèges, des malédictions et des révélations, mais la plus grande révélation, c’est le film lui-même. Un miracle, un vrai.