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La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde  avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...

Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

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L’OEUVRE SANS AUTEUR

Écrit et réalisé par Florian HENCKEL von DONNERSMARCK - Allemagne 2019 3h09VOSTF - avec Tom Schilling, Paula Beer, Sebastian Koch, Saskia Rosendahl...
Au vu de la durée du film, le tarif d’avant 13h (4,50 euros) ne sera pas appliqué.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

L’OEUVRE SANS AUTEURÉlisabeth May ! Une de ces jeunes filles qui pétillent, donnent envie de s’élever dans les airs, de les suivre aveuglément. La terre entière pourrait être à ses pieds, si elle le demandait… enfin, surtout le petit Kurt. Du bas de ses six ans, il la dévore du regard, cette magicienne de bientôt dix-huit. Il en a de la chance, d’avoir une telle tante à la maison ! C’est d’ailleurs plus une véritable amie qu’une simple parente. Entre eux règne une belle connivence enamourée, une communion d’esprit étonnante malgré la différence d’âge. Un attachement intellectuel, mais également tendre et charnel. Sans qu’il n’y ait aucun geste déplacé, on devine qu’en se lovant contre la poitrine de la grande, le garçonnet expérimente ses premiers émois sensuels. C’est tout simplement la vie qui frappe à la porte, les ailes du désir qui s’invitent avec fougue et il y a là quelque chose de divinement païen qu’on ne peut abjurer. Pour Élisabeth, tout ce qui peut venir nourrir la curiosité de son neveu, déjà si différent des autres, est sacré. En lui, elle perçoit cette sensibilité extraordinaire, qu’il ne faut surtout pas brimer, qui doit pouvoir exulter, s’exprimer, conduire l’enfant à devenir le grand peintre qu’il sera plus tard, qu’il est déjà à ses yeux. Elle est la première à percevoir en Kurt une richesse intérieure sublime sous ses traits patauds, la forme de génie évident qui l’habite dès qu’il se saisit d’un crayon ou d’un pinceau. Quand elle l’emmène voir l’exposition sur « l’Art dégénéré » organisée par le régime nazi, ce n’est pas, contrairement aux autres visiteurs, pour se moquer des artistes à dénigrer. C’est au contraire pour montrer à Kurt des œuvres qui secouent, qui sont belles même si on ne les comprend pas, surtout peut-être parce qu’on ne les comprend pas, qu’elles nous questionnent.



Tout autre gosse s’ennuierait… Pour Kurt, c’est le bonheur ! Devant lui s’ouvre un champ de possibles exaltants. Peu importe les commentaires caustiques et dictatoriaux du guide qui inflige à la galerie la façon de penser hitlérienne. On est en 1937, ce ne sont que les prémices de la grande vague qui va balayer l’Europe et en premier lieu l’Allemagne. Propagande annonciatrice de l’épuration qui va gangréner les systèmes de pensée et les êtres. La frêle insouciance de l’enfance ne protégera plus longtemps nos deux damoiseaux. Des années plus tard on retrouve Kurt, jeune adulte bientôt amoureux d’Ellie avec laquelle il scellera son destin sans jamais imaginer l’étrange et douloureux lien qui relie son passé à celui de son futur beau-père castrateur. Instinctivement, entre les deux hommes, ce sera une guerre froide larvée, épidermique, inextinguible. Tout autant que la soif de liberté, le fantôme des souvenirs hantera la vie et l’œuvre singulière de Kurt, sans qu’il essaie de l’expliquer…

L’œuvre sans auteur, c’est une passionnante pérégrination d’Est en Ouest, une relecture de l’Histoire allemande vue par un enfant du pays. Si le film n’est pas une biographie, il s’inspire largement de la vie et du parcours du peintre Gerhard Richter et soulève avec légèreté des questions philosophiques, notamment sur l’utilité de l’art dans nos vies. Outre l’interprétation impeccable des acteurs, on notera le travail remarquable de recherche historique et artistique qui a conduit jusqu’à reconstituer entièrement et en détail la célèbre exposition sur « l’Art dégénéré » et ses tableaux presque tous détruits alors… Rien que cela rend ce film tout aussi vivifiant que glaçant, presque incontournable.