DERNIER NOËL AVANT LA FIN D’UN MONDE
Le croiriez-vous ? La bonne nouvelle – car il y en a une – est arrivée le 9 novembre dernier du Conseil d’État, qui a annulé le décret de dissolution du mouvement des Soulèvements de la terre. Pris en Conseil des ministres fin juin, le décret suivait de peu la tentative de requalification – ou ...
La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...
LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...
Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...
Asif KAPADIA - documentaire GB 2019 2h10m VOSTF - avec Diego Maradona, la pègre, les flics, des femmes et quelques étoiles...
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Loin d’attaquer son sujet balle en tête pour ne séduire que les supporters et les fans de foot – dont je ne suis pas –, le réalisateur l’aborde sous un angle atypique et le rend aussi palpitant et poignant qu’une tragédie grecque. La tension narrative qui emporte le récit ne laisse pas le spectateur souffler un seul instant, quand bien même il connaîtrait parfaitement l’histoire. C’est que chaque propos est servi par un flot d’images inédites filmées à bout portant qui nous font rentrer tant dans l’intimité du footballeur star que dans celle d’une époque. Une œuvre originale de bout en bout, en commençant par son approche non chronologique, qui va droit au but : l’épicentre de la carrière pleine de rebondissements parfois énigmatiques de Diego Maradona.
Nous sommes en 1984, au moment où le joueur, qui semble être au plus creux de la vague, est racheté par la ville alors la plus pauvre, miteuse et méprisée d’Italie : Naples. Sans que nul ne puisse le prédire, alors que tous le pensent fini, El Pibe de Oro renaîtra de ses cendres avec une maestria confondante, une force de travail et une volonté farouches. Dans le fond, la vie du petit Argentin tout droit venu des bas-fonds de son pays n'est qu’un éternel recommencement entre gloire, mort, résurrection (comme le dit son ex-coach Signorini), qui le place naturellement en Italie comme une figure presque christique. Ce n’est pas rien tout de même de voir son portrait géant étalé juste à côté de la Madone, dans les rues de Naples ! Il n’y a pas de hasard si c’est précisément là qu’il va réussir à déployer tout son génie footballistique. Entre cette ville et cet homme, il y a de telles similitudes qu’elles vont les mettre en symbiose : l’une et l’autre excessifs, aussi violents que fragiles, essayant de se sortir de leur fange, l’une et l’autre en quête de reconnaissance. Pour les Napolitains, souvent conspués, Maradona va devenir tout un symbole. Ensemble ils redoreront leur blason, prendront leur revanche. Le désamour qui s’en suivra sera à la hauteur de l’amour qu’ils se seront portés !
Pourtant, sous ses airs de diva capricieuse, sa grande assurance, on oublie que le garçon qui porte tout cela sur ses épaules n’a alors que 24 ans, un jeunot expatrié grandi dans un bidonville, peu éduqué et mal préparé à affronter un tel fardeau. Soudain la caméra donne à voir la vulnérabilité palpable de Diego, malgré ses côtés insupportables. Le montage ne cache rien, montre la part sombre (la drogue, sa proximité avec la Camorra) comme la lumineuse, autant la maladresse bourrue que la tendresse contenue, et rend l’homme et son parcours extrêmement complexes et touchants : on ne peut pas réduire Diego à Maradona, ce monstre sacré qu’il a créé pour se protéger. Sa combativité, sa force de résilience, qui vont lui permettre de se redresser et de survivre dans un univers impitoyable dont il ne maîtrise pas les codes, dépassent largement le cadre du sport, même si ce dernier est forcément mis à l’honneur. Moi qui ne regarde habituellement pas les matchs à la télé, je n’ai pu que retenir mon souffle, en communion totale avec les tifosis espérant que Maradona marque un but et explose de joie ! Décidément, quel extraordinaire personnage, quelle incroyable épopée, dignes d'une saga romanesque ! Il aura tenu au bout de ses pieds l’espoir des supporters argentins, celui des Italiens et, sans doute, celui de myriades de gamins mal lotis rêvant de devenir comme lui une sorte d’étoile. Un véritable (anti)héros populaire. Des haillons à la gloire, ce drôle de gars est l’exemple même de l’ascension sociale puis de la retombée dans le caniveau, fulgurantes toutes les deux, comme s’il était impossible de jamais complètement échapper à sa condition sociale, comme si la misère devait éternellement vous coller aux crampons.