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La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde  avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...

Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

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Le mardi aux alentours de 18h

PORTRAIT DE LA JEUNE FILLE EN FEU

Écrit et réalisé par Céline SCIAMMA - France 2019 2h - avec Noémie Merlant, Adèle Haenel, Luana Bajrami, Valeria Golino... Festival de Cannes 2019 : Prix du Scénario.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

PORTRAIT DE LA JEUNE FILLE EN FEUÉtonnante Céline Sciamma, toujours là où on ne l’attend pas. Non par plaisir d’épater la galerie, mais pour le bonheur de renouveler son style, d’explorer de nouveaux univers tout en creusant ses sujets de prédilection. Rendre visibles les invisibles, celles en marge de la société et ici de l’Histoire. La réalisatrice s’empare avec brio de la forme classique et la dépoussière, innove, lui rend sa spontanéité. Ce Portrait de la jeune fille en feu (quel titre !) éclaire différemment l’œuvre polymorphe de la réalisatrice. Il agit comme une épure. Une fois le côté effervescent, représentatif de notre période contemporaine gommé, ses musiques agitées éteintes, que reste-t-il du cinéma de Sciamma ? Ce nouvel opus, en costumes du xviiie siècle, qui s’impose sans strass ni paillettes, met en valeur la trame limpide qui le charpente. Mécanique implacable, puissante, méticuleusement travaillée. Rien n’est laissé au hasard, tout témoigne d’un travail sans relâche, d’orfèvre, pour produire une œuvre merveilleusement ciselée. Tant est si bien que le Prix cannois du scénario est un brin réducteur. Et que dire de ses deux comédiennes, irradiantes, qui auraient largement mérité de partager un prix d’interprétation !

Nous sommes en 1770… Non loin des falaises, battues par les vents, qui surplombent l’océan, se dresse une imposante et austère demeure. Ici les distractions sont aussi rabougries que les plantes malmenées par les embruns marins. L’expression artistique, les fêtes y sont tout aussi clairsemées. Les rares instants de musique sont tant attendus qu’on en déguste la moindre note jusqu’à la lie quand elle passe à portée. On a le temps de guetter le temps qui s’écoule, de regarder tomber chaque goutte de pluie.
Pourquoi venir se perdre dans cette contrée perdue, si ce n’est pour des raisons alimentaires ? Tel est le lot de Marianne (Noémie Merlant), jeune peintre qui vient de décrocher un travail de commande : faire le portrait d’Héloïse (Adèle Haenel), l’héritière de la famille, tout juste sortie du couvent ; donner d’elle l’image la plus séduisante en même temps que la plus convenable possible, dans le but de la marier. Marianne, en tant qu’artiste à son compte, est aguerrie dans ce domaine. Elle n’est pas effarouchée de débarquer seule dans ce recoin oublié du monde. Et c’est là une première originalité à l’écran : y voir une de ces femmes qui ont bel et bien existé dans un contexte où la quasi totalité de leurs contemporaines n’avaient pas le choix de leur destinée. Marianne, sans mari, ni maître, est une femme socialement libérée et ses rapports avec les autres le sont tout autant. Si elle est de rang inférieur à la comtesse qui l’emploie, son statut indépendant lui octroie une véritable liberté de ton, et lui permet de l’aborder de femme à femme. Entre les deux, un marché secret est conclu : Marianne peindra en cachette le tableau, à l’insu d’Héloïse qui essaie avec ses maigres moyens d’échapper à son destin programmé et refuse de poser. Héloïse n’agit pas par caprice, mais par conviction profonde. C’est ce qui va rapprocher progressivement l’artiste et son modèle…

Quand Céline Sciamma s’empare d’un tel sujet, chaque plan devient comme un véritable tableau, la peinture devient l’ADN du film. Dans cet univers féminin, aucune protagoniste n’est laissée à l’abandon. Chaque personnalité est complexe, interagit avec les autres indépendamment des rapports de classe censés les corseter. La liberté a un prix, qu’il faut être prête à payer. L’enjeu impose alors de sortir de ses propres entraves.
Au-delà du genre, ce film parlera à toutes celles, à tous ceux qui sont, ont été, seront amoureuses, amoureux…