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Le blog des profondeurs...
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La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde  avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...

Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

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LES MISÉRABLES

Ladj LY - France 2019 1h43 - avec Damien Bonnard, Alexis Manenti, Djebril Zonga, Issa Perica, Al-Hassan Ly... Scénario de Ladj Ly, Giordano Gederlini et Alexis Manenti. Festival de Cannes 2019, Prix du Jury.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

LES MISÉRABLESPoint de Jean Valjean dans ce film formidable, ni de Fantine, nous ne sommes pas dans une énième adaptation de l’emblématique roman de Victor Hugo, mais dans une œuvre contemporaine, puissante… Point de Gavroche non plus, les petits Français s’y surnomment Slim, La Pince, Zorro, ils s'appellent Issa, Salah, Luciano, Bintou… : autant de prénoms qui témoignent d’une mixité sociale véritable, une richesse humaine en mal de reconnaissance. Mais des Misérables, le jeune réalisateur ne se contente pas d’emprunter le titre, il tisse un lien subtil avec l’univers de l’écrivain humaniste pour dresser un état des lieux de notre pays, de notre époque. Deux cents ans plus tard, nous voici de retour, sans que ce soit énoncé, dans le fief des Ténardier, Montfermeil, la ville d’enfance de Cosette, celle du cinéaste également. Le film résonne dès lors comme un prolongement respectueux de l’immense épopée populaire éponyme, nous prend à la gorge avec le même sentiment d’injustice, d’impuissance. On se surprend alors à rêver de l’odeur des barricades…



Tout commence par une magistrale scène de liesse populaire, de communion collective. Ce 15 juillet 2018, la France est championne du monde de foot ! L’euphorie de la victoire atomise les différences. Dans la foule bariolée qui s’amasse sur les Champs Élysées, il n’y a plus de citoyen de seconde zone, plus de clan qui tienne, tous entonnent à tue-tête la Marseillaise. Loubards, flics ou curés, tous se sentent Français ! Un sentiment qui, pour certains, ne va pas durer… De retour au bercail, la réalité de la banlieue va les rattraper. À Montfermeil, impossible d’oublier longtemps qu’on n’a pas les bonnes racines, le bon faciès, la bonne classe sociale surtout. La cité, ses cages d’escaliers tumultueuses, son ascenseur social toujours en panne, ses dealers minables, les patrouilles de police qui rôdent comme une condamnation à perpétuité, sont là pour vous le rappeler. « Vos papiers ! Que faites-vous là ? » Pas de répit pour les braves et moins braves, tout citoyen se tient prêt à devoir se justifier. Pour contrôler, ça contrôle, à chaque coin de rue, à tour de bras, pour de plus ou moins justes motifs… Certains policiers ont parfois des raisons que la raison ne connaît point. C’est typiquement le cas de Chris, supérieur hiérarchique et coéquipier de Gwada, deux vétérans de la « BAC » qui prennent sous leur aile un nouvel agent, Stéphane, tout juste arrivé de Cherbourg. Voilà notre bizuth embarqué d’office dans leur voiture dite banalisée mais repérée comme le loup blanc depuis dix ans que ces vieux briscards sillonnent le même quartier. Si on les connaît par cœur, l’envie sera grande de tester la nouvelle recrue qui fait tache dans le paysage, selon les dires de ses deux camarades aux méthodes musclées. Voilà Stéphane pris en tenaille, entre les fanfaronnades de ses collègues et celles des gamins du quartier, un brin paumé dans ce nouveau monde qu’il cherche à comprendre et à intégrer, tandis que la caméra nerveuse colle au plus serré de l’action qui se tend progressivement. Soudain il est palpable que tous naviguent en terrain miné de longue date et qu’il ne faudra qu’une flammèche pour que la pétaudière s’embrase. Le ressort dramaturgique est en place, impeccable, implacable. Un simple enfantillage, le vol d’un lionceau, mettra le feu aux poudres dans la cité où rien n’échappe aux regards des téléphones portables ni à ceux des drones…

L’histoire est basée sur une bavure véritable. Ladj Ly la transcende en un film choc, fulgurant, salutaire, jamais manichéen, d’une véracité criante, à commencer par sa galerie de personnages plus incarnés les uns que les autres et auxquels on ne pourra jamais complètement jeter la pierre. Tout aussi social que politique, Les Misérables a la facture d’un excellent thriller dont on ressort à bout de souffle !