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SÉJOUR DANS LES MONTS FUCHUN

Gu XIAXOGANG - Chine 2019 2h30 VOSTF - avec Qian Youfa, Wang Fengjuan, Zhang Renliang...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

SÉJOUR DANS LES MONTS FUCHUNNe cherchez pas dans vos mémoires : le nom du réalisateur, celui des acteurs (issus de son entourage) vous sont fatalement inconnus. Avec les moyens du bord, malgré les aléas matériels qui l’ont contraint à deux ans de tournage, par manque d’aide financière extérieure au départ du projet, Gu Xiaogang rentre subrepticement dans la cour des grands grâce à cette fresque contemporaine lumineuse, subtile, évidente.
La langueur, déconcertante de prime abord, va rapidement devenir une alliée réconfortante. Elle nous love dans un dépaysement total, l’émerveillement de la rencontre avec la culture chinoise.



Tout devient alors sensualité, émotion à fleur de peau, sans grands effets de manche, tout en gestes retenus, émaillée de ces petits riens dont on devient friands, qu’on finit par espérer.
Le titre du film est éponyme de celui d’une célèbre peinture chinoise du xvie siècle. Longue de plusieurs mètres, conservée sous forme d’un rouleau, on la découvrait en la déroulant lentement, en connaisseurs, centimètre par centimètre, effeuillage délicat, presque les prémices du cinéma.
Le réalisateur dévide son histoire, au fil de l’eau, de la même façon, en plans séquences d’une longueur et d’une maestria incroyables. Par petites touches subtiles, il croque son époque méticuleusement, embrasse la beauté des paysages, prend l’empreinte du temps qui passe. Au lieu de cultiver la grandiloquence, il travaille l’épure et nous embarque à son rythme, loin de notre société occidentale de bruit et de compétitivité. Cela fait un bien fou : il suffit de s’enfoncer tranquillement dans la matrice obscure d’une salle de cinéma et de se laisser bercer. On se fond alors dans le décor, en observateurs privilégiés de ce qui est également une chronique familiale tendre, douce amère, touchante, un voyage dans l’espace et le temps, profondément sincère.

Tout débute l’été à Hangzhou, ville native du réalisateur, celle-là même qui servit de décor à la célèbre peinture, sept siècles plus tôt. Dans un restaurant propret, qui fut, est, restera (?) familial, trois générations d’une même lignée sont réunies. C’est l’anniversaire de Mum, c’est ainsi que tous surnomment leur aïeule désormais veuve, celle qui a jusque-là guidé son monde d’une main de matriarche, et qu’il va falloir épauler à présent, on l’apprendra quelques instants plus tard. La fête sera vite écourtée par un événement inattendu.
Progressivement on va pénétrer dans l’intimité de la famille, en constater les disparités, les rivalités que le capitalisme ambiant, qui se fait féroce, va accentuer, mettant à mal les schémas ancestraux qui soudaient le groupe autour d’une solidarité forte. Impossible de rester plus longtemps indifférent à ce monde en pleine mutation, cette Chine qui se transforme, assoiffée de nouveautés, de valeurs occidentales. On rase les vieux quartiers, on les remplace par du neuf, fonctionnel. À seulement 200 kilomètres de la grouillante Shanghaï, la demande est forte. Bien malin qui spécule, bien stupide celui qui reste à la traîne. Ainsi pensent les uns, tandis que d’autres survivent comme ils peuvent le long du fleuve, vivant dans une barque par faute de pouvoir se payer un toit. Mais dans le fond, tous sont victimes et ploieront tôt ou tard sous le poids des dettes. Pour échapper à leur sort, les parents espèrent de beaux mariages de raison et lucratifs pour leurs enfants, alors que ces derniers rêvent d’amour et de liberté. Le clivage se consomme comme un plat qui ne vaut même pas la peine d’être réchauffé.

Seuls les lieux historiques demeurent encore, pour un temps du moins, inviolés. L’immensité de la nature qui surplombe les hommes semble se rire de leur agitation et de leurs ambitions mesquines, appelant à la romance plus qu’à la guerre. Et c’est d’ailleurs une belle aventure sentimentale qui va prendre naissance sous nos yeux, apportant une touche romantique subtile à ce film choral d’une infinie délicatesse, qui se déploie sur quatre saisons.