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LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
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MÉDECIN DE NUIT

Elie WAJEMAN - France 2020 1h22 - avec Vincent Macaigne, Sara Giraudeau, Pio Marmaï, Sarah Le Picard... Scénario d’Elie Wajeman et Agnès Feuvre.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

MÉDECIN DE NUITC’est un film noir comme la plus sombre des nuits, tout en tension, en colère rentrée, sous-tendu par une forme de pamphlet politique, de constat social cinglant qui ne manque pas d’apporter un réalisme tour à tour glaçant et bouleversant à cette fiction.
N’aurait-il une femme et une maîtresse, la dégaine de Mickaël (Vincent Macaigne au sommet de son art, nerveux, capable d’une sècheresse épurée que ces précédents rôles ne lui offraient guère) aurait tout de celle de certains prêtres ouvriers : blouson de cuir, chainette en or… Impression renforcée par le sentiment que notre homme exerce son métier de médecin de nuit comme un véritable sacerdoce, ne rechignant pas à s’aventurer dans des zones sordides où d’autres ne se hasardent pas. On le comprendra vite, c’est par pure compassion envers ses semblables, par vocation, qu’il n’hésite pas à flirter en marge de la légalité. Après tout… laisser des toxicos seuls, sans échappatoire, n’est-ce pas les laisser dériver vers une mort certaine ou vers toujours plus de violence à la recherche désespérée d’une dose, puis d’une autre encore ? Alors Mickaël n’a pas trop d’états d’âme à délivrer du Subutex à ceux et celles qui le lui réclament, à s’arranger avec les règles. Et si la sécurité sociale le menace d’enquêter, c’est droit dans ses bottes qu’il assume ses actes : dans le fond, il a sa propre déontologie, supérieure à celle de l’administration, inadaptée à la réalité du terrain.



Dans la vie de Mickaël, il y a aussi son cher cousin Dimitri, belle gueule, attendrissant (forcément, c’est Pio Marmaï) autant qu’agaçant, aveuglé par son amour du paraître et du clinquant. Un pharmacien en apparence sans vague par lequel le scandale risque d’arriver. Car pour lui, ce ne sont guère les patients qui comptent, mais bien la réussite et pour cela, il joue à des jeux dangereux. Pour payer ses traites, il s’est enferré dans un trafic de médicaments dans lequel il a mouillé notre médecin, devenu ainsi trafiquant à l’insu de son plein gré. Mais cette nuit-là, tout va trop loin, le destin s’emballe, menaçant de faire basculer la situation jusqu’à un point de non retour. Et comme si la vie n’était pas assez compliquée en ce moment décisif, voilà que les affaires de cœur et de famille se compliquent. Le cœur de Mickaël est tiraillé entre celle qui lui procure du rêve (la troublante Sara Giraudeau) et son épouse aimante qui lui apporte la sérénité. Maladroitement, lui et sa femme essaient d’épargner leurs deux filles en s’engueulant en anglais, langue qu’elles ne maîtrisent pas, mais qui est dupe ? Ni la vie, ni les nuits de notre toubib ne sont un long fleuve tranquille…
Paradoxalement, dans tout ce marasme, les tournées nocturnes de Mickaël, dans cette part du monde interlope des arrondissements du Nord-Est parisien, semblent de véritables bouffées d’air frais et de rude humanité, durant lesquelles il noie sa propre difficulté de vivre dans celle des autres. C’est sans doute sa seule addiction : il lui faut sa dose de nuit pour fuir le quotidien, éviter de se retrouver seul face à lui-même. Il y a comme une sorte de romantisme noir, morbide qui flâne le long des rues désertes où errent, tels d’étranges vampires assoiffés de chaleur humaine, des ombres droguées.

Dans le fond, outre cette brillante palanquée d’acteurs, peut-être le personnage principal est-il ce monde de la nuit, celui des laissés pour compte, de la vieillesse, des vulnérables qui appellent à l’aide parfois au prétexte d’un rien, surtout pour ne plus se sentir seuls l’espace d’un instant, le temps d’une visite, d’une oreille qui écoute, d’un geste, d’une parole qui les reliera à nouveau aux vivants… Des gestes, une oreille, un regard, des mots… ceux d’un médecin de nuit… Tout cet arrière plan passionnant procure à Médecin de nuit l’ampleur d’un film de genre anthropologique, un véritable baromètre de nos sociétés malades de solitude et d’isolement.