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La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde  avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...

Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

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LES INTRANQUILLES

Écrit et réalisé par Joachim LAFOSSE - Belgique / France 2021 1h58 - avec Leïla Behkti, Damien Bonnard, Gabriel Merz Chammah, Patrick Descamps...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

LES INTRANQUILLESOn pourrait reprendre ici les mots écrits dans notre gazette à propos de L’Économie du couple, précédente réussite majeure de Joachim Lafosse : « C’est un film magnifique, écrit à plusieurs mains et autant de sensibilités, impliquant également les comédiens qui ont eu leur mot à dire, modifiant parfois leur texte pour se l’approprier, et le rendu final est saisissant : il y a quelque chose de profond et de fort qui tient sans doute au vécu de chacun, à la connivence qui s’est établie au cours du tournage et leur a permis d’appréhender de l’intérieur des personnages qui immédiatement nous parlent, nous concernent, nous touchent durablement. » Le processus est cousin pour Les Intranquilles, le résultat tout aussi saisissant. Chaque acteur, actrice donne son prénom au personnage qu’il incarne, ce qui conduit d’emblée à une grande réactivité, à une forme de véracité troublante. Dans la vraie vie, ils pourraient ressembler à leurs alter ego, expérimenter leurs failles, leurs errances. Les voilà, fragiles funambules, avançant sur le fil ténu qui sépare l’amour de la haine, la normalité de la folie, celle où l’on peut tous basculer d’un instant à l’autre.



D’emblée le film attaque par une première scène joyeusement déstabilisante. Le temps est radieux. Damien est à la barre, son petit Amine sourit aux anges : père et fils partagent un moment de connivence entre garçons, près des côtes, dans le bateau à moteur familial. Puis sans crier gare Damien plonge à l’eau, affirmant qu’il va rentrer à la nage, et exhorte le garçonnet à conduire seul l’embarcation vers une plage qu’on n’aperçoit même pas. Amine s’exécute, l’air inquiet mêlé d’une sorte d’excitation. Le mouflet, dans ce bateau trop grand pour lui, dans cette immensité aqueuse, semble d’autant plus petit, si petit… Est-ce bien raisonnable ? N’est-ce pas dangereux ? Le père prend-il vraiment la mesure de ce qu’il demande à sa progéniture ? Serait-ce pour lui une sorte de rite initiatique ? On pourrait y voir un message : « Tu seras un homme mon fils… » Leila, la mère, restée sur la plage, se tord longtemps les mains d’inquiétude, tout en la dissimulant, scrute désespérément l’horizon en résistant à l’affolement – légitime au demeurant.

On a tôt fait de comprendre que l’acte de Damien n’est pas isolé, chaque minute qui passe révèle d’autres excentricités, d’autres surprises intenses. Jamais le quotidien de la petite famille n’est ce long fleuve tranquille qui permet de s’endormir sereinement en se laissant bercer par des flots constants. Mais, du moins, on ne s’ennuie jamais. Damien est drôle, imaginatif, agité, dissident, inspiré… Travailleur infatigable quand il s’attèle à peindre ses toiles. Un véritable artiste qui a besoin d’être dans l’excès pour créer. Du moins c’est ainsi qu’un œil extérieur pourrait le décrire. Damien est aussi un homme qui s’épuise tout en épuisant son entourage. Un diagnostiqué bipolaire qui ne parvient pas à accepter son état. Un compagnon que Leila porte à bout de bras jusqu’à l’épuisement de son stock de patience et de tendresse… Et quand plus rien ne va, elle appelle à la rescousse Patrick, le père de Damien… Sans commentaire, tous ont l’intelligence de ne pas s’adonner à l’autoflagellation, aux reproches, à la tentation de chercher des fautifs. Économisant les mots, sans effusions inutiles, ils ménagent leurs forces pour faire bloc, solidaires, autour de ce créatif aussi déjanté qu’extraordinaire, dans l’attente de ses prochaines (re)plongées dans ses gouffres de folie où nul ne peut l’atteindre. Il ne reste qu’à attendre sans espérer d’avenir meilleur, de rémission illusoire, en se méfiant des rêves et de leur lot de déceptions. Les ondes de chocs qui s’ensuivront propageront l’intranquillité dans les zones encore épargnées, jusqu’au delà de l’écran, dans le cœur même des spectateurs, tout aussi inquiets, attendris et impuissants que les protagonistes si loin, si proches de nous-mêmes et tellement attachants…