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La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde  avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...

Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

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COMPARTIMENT No6

Juho KUOSMANEN - Finlande / Russie 2021 1h46 VOSTF - avec Seidi Haarla, Yuriy Borisov, Julia Aug, Dinara Drukarova... Scénario d’Andris Feldmanis, Livia Ulman et Juho Kuosmanen. GRAND PRIX, FESTIVAL DE CANNES 2021.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

COMPARTIMENT No6Sauvage, maladroite et solitaire, c’est ainsi que le réalisateur décrit son héroïne… Et c’est ainsi que Laura nous apparaît, mal à l’aise d’être prise pour le centre du motif par sa logeuse et néanmoins amante Irina, qui l’exhibe fièrement plus qu’elle ne la présente à son aréopage moscovite lors d’une soirée bon ton. La pétillante russe n’a de cesse de présenter sa « petite Finlandaise » comme on brandit un trophée à la chair tendre et à la cuisse ferme, exquise friandise. Étrangement Irina, qui a tout de la féministe intellectuelle libérée, semble loin de réaliser qu’elle ne se comporte pas mieux qu’un vieux macho dominant, égoïstement rassurée de démontrer qu’elle peut séduire plus jeune qu’elle. Laura quant à elle, aveuglément enamourée, bade son inaccessible hôtesse, qui semble trôner sur un invisible piédestal tandis que le fond musical polyglotte taquine la destinée : Roxy Music balance son Love is the drug dans les hauts parleurs, avant que la voix de la chanteuse Desireless ne réponde par son Voyage, voyage… », comme un appel à l’évasion qui par ailleurs finit de dater l’intrigue dans les années 90, celles de la fin de l’ère soviétique.

Voyager, c’est donc ce que va faire Laura, sacrifiant ses désirs pour Irina à son envie de partir à la découverte des célèbres pétroglyphes vieux de dix mille ans que mentionnent ses cours d’archéologie. La voilà qui s’embarque seule pour un singulier périple, un rail movie au long cours, à bord d’un train d’un autre âge qui la conduit vers la mer de Barents et les solitudes enneigées. Si ce n’était que cela… Elle pourrait à loisir écouter battre son cœur, rêver discrètement de sa belle… Mais la cabine où se situe sa couchette, occupée par un importun, ne sera pas un havre de paix. Fi de son intimité ! C’est fou comme un seul être peut devenir plus envahissant qu’une horde barbare. La rencontre est malaisante. Le rustre, déjà pas très discret à jeun, s’avère désagréablement insistant et irrespectueux une fois imbibé de vodka. Laura a beau adopter une posture bravache, elle n’en mène pas large. Elle se résout à réclamer une autre couchette à la contrôleuse de ces wagons-lits un brin miteux. La gorgone ne lui fera pas de cadeau, jaugeant de haut cette étrangère mal fagotée, qui ne fournit aucune explication. Laura serait-elle condamnée à rester prisonnière d’un étouffant huis-clos ? L’envie lui prend de rebrousser chemin vers son lieu de départ, vers Moscou, son amoureuse…
Mais laissons-là le récit gorgé d’humour qui bascule, par petites touches, entre deux rasades d’alcool et quelques poignées de cornichons marinés, dans un feel good movie au charme discret mais bien réel. Décidément, les voies ferroviaires sont impénétrables. Sous le vernis policé de l’âge adulte se dissimulent une infinité d’émotions contradictoires, une animalité instinctive, blessée, une forme d’innocence capricieuse, enfantine. Ici nul n’est ce qu’il paraît être, du moins jamais complètement. Les acteurs excellent à ce jeu de dupes, campant des personnages tout en maladresse, aux écorchures mal dissimulées, véritables bras cassés de la communication, des sentiments, incapables de s’ouvrir aux autres. Décidément, il leur faudra apprendre à se comprendre au-delà des mots qui ne viennent pas, qu’ils ne possèdent pas.

Seidi Haarla qui interprète Laura est de tous les plans, une véritable révélation. Elle donne de l’étoffe à son personnage pas forcément aimable, brut de décoffrage, dont la beauté atypique n’est pas une évidence. Au fil de ses étapes on découvre une Russie de l’arrière-ban, sans fard. Et cela confère une véracité, une authenticité, une vraie originalité à ce film d’un cinéaste qu’il ne faudra pas perdre de vue…