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ORAY

Écrit et réalisé par Mehmet Akif BÜYÜKATALAY - Allemagne 2018 1h37 VOSTF - avec Zejhun Demirov, Deniz Orta, Cem Göktaş, Faris Yüzbasioglu... Festival de Berlin 2019, Prix du meilleur premier film - Festival d’Angers 2020, Grand prix.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

ORAYÀ l’heure où les ventes du bouquin d’un petit homme aux grandes oreilles et aux idées nauséabondes font grimper le chiffre d’affaires des librairies qui le vendent sans honte, ce film pourrait apporter de précieux éléments d’information et de compréhension à tous ceux qui se laissent aller aux simplifications réductrices, à tous ceux qui voient, à force d’amalgames, des ennemis potentiels dans certaines catégories de la population. Oray, face au flux médiatique et aux idées reçues stigmatisantes, propose de convoquer l’intelligence, les différentes nuances de gris plutôt que le noir et blanc. Et c’est passionnant autant que salutaire. Mehmet Akif Büyükatalay est un jeune cinéaste de talent pleinement allemand mais d’origine turque. Quoi qu’il fasse, il ne s’est jamais complètement reconnu dans son pays natal.



De même qu’ il n’a jamais compris l’injonction de se rattacher à une identité unique : « Je pense que l’être humain est trop complexe pour pouvoir choisir entre deux côtés ; nous devons apprendre à combiner plusieurs identités différentes. » Oray le film commence par le monologue d’Oray le personnage face à la caméra. Jeune homme musulman en quête de repères après un court séjour en prison, il exprime son besoin de se rattacher à la religion et à sa communauté, sans lesquelles sa vie ne peut pas avoir de stabilité. Il clame qu’il faut à un moment choisir entre « le paradis et l’enfer ». Par ailleurs Oray est marié avec Burcu et, lors d’une dispute comme il peut en survenir dans n’importe quel couple, il lui répète trois fois le mot « talaq », ce qui, selon le Coran, est une injonction de répudiation. Que faire alors qu’il aime toujours profondément son épouse et que le motif de la dispute est vite oublié  ? Pour certains religieux consultés, il suffit d’observer une courte période de séparation.

Mais pour d’autres, la sentence est définitive. Oray se retrouve donc enfermé dans un terrible dilemme, tandis que, peu à peu, les bras de la communauté, certes protecteurs mais castrateurs de liberté, se referment sur lui. Les interrogations du personnage, ses errements, ses contradictions, sont magnifiquement rendues par l’acteur principal, Zejhun Demirov, d’une densité et d’une authenticité impressionnantes  : on croit en lui dès les premières images, on ne le lâchera pas d’un pouce jusqu’à la fin du film. Mehmet Akif Büyükatalay, loin de tomber dans la description manichéenne d’une communauté religieuse entièrement masculine qui écraserait l’individu, montre à quel point elle est faite aussi de solidarité, de bienveillance, valeurs qui rassurent ces garçons souvent perdus dans une société occidentale de l’argent facile et du chacun pour soi. Le jeune réalisateur se revendique de la filiation des deux grands cinéastes iconoclastes des années 60/70, Pier Paolo Pasolini et Rainer Werner Fassbinder. Tous deux avaient un credo : rendre compte de manière politique et naturaliste des réalités sociales, décrivant les pauvres et les minorités sans aucun angélisme parce que pour eux, angéliser la réalité était une forme de mépris condescendant. Tous deux ont été détestés, à leur époque et dans leur pays respectif, autant par les fascistes que par les socio-démocrates paternalistes.

En Allemagne, Oray a été honni par l’extrême droite qui y a vu une apologie de l’Islam et par les barbus intégristes qui y ont vu une critique de la religion, les deux camps se rejoignant sur un point : la pratique de l’islam serait selon eux incompatible avec les impératifs de la démocratie. Ce film leur donne tort et, dans le débat politique qui monte, il est de salubrité publique.