LA GAZETTE
(à télécharger au format PDF)

NOUS TROUVER
(et où trouver la gazette)

NOS TARIFS :
TARIF NORMAL : 7,50€
CARNET D'ABONNEMENT : 55€ (10 places, non nominatives, non limités dans le temps, et valables dans tous les Utopia)
Séance avant 13h : 5€
Moins de 18 ans : 5€

RSS Cinéma
RSS Scolaires
RSS Blog

(Quid des flux RSS ?)

EN DIRECT D'U-BLOG

Le blog des profondeurs...
(de champ)

La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde  avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...

Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

Soutenez Utopia Palmer

PINGOUIN ET GOÉLAND ET LEURS 500 PETITS

Michel LECLERC - France 2019 1h49 -

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

PINGOUIN ET GOÉLAND ET LEURS 500 PETITSC’est l’histoire d’une maison, à Sèvres, qui accueillit pendant plusieurs décennies des enfants perdus, mal-aimés, souvent orphelins, parfois traqués. C’est l’histoire de deux militants, inflexibles pacifistes, viscéralement humanistes, éducateurs passionnés, qui traversent les remous de l’Histoire avec une droiture exemplaire. C’est l’histoire d’un couple qui ne put avoir d’enfant et qui en eut des centaines. C’est une histoire d’amour qui ne dira jamais son nom et qui restera toujours en retrait de l’amour des autres. C’est aussi l’histoire d’un homme qui fait des films et dont l’histoire familiale est indissociable de ces deux-là, auxquels il n’était que temps de rendre l’hommage qu’ils méritent.

Qu’on se le dise : Pingouin et Goéland et leurs 500 petits n’est ni le documentaire animalier, ni le gentillet dessin animé pour bambins que son titre laisse présager. Documentaire, oui, c’en est un sans l’ombre d’un doute, mais pas animalier pour un sou. Et gentil, il l’est aussi, mais aussi subtil, généreux, bourré de ces qualités de regard et d’écoute à quoi on reconnaît sans coup férir un grand film. On n’en attendait évidemment pas moins de ce merveilleux conteur d’histoires qu’est Michel Leclerc, réalisateur de fictions passé maître dans l’art d’habiller la gravité du monde d’une apparente légèreté : depuis le jubilatoire Le Nom des gens qui nous l’a révélé jusqu’au récent et épatant La Lutte des classes, il fait un cinéma qui transpire de liberté et de joie de vivre par tous les grains de sa pellicule (oui, même en numérique). Ce Pingouin et ce Goéland énigmatiques sont, par petites touches ou en toile de fond, déjà présents dans ses films précédents, qui brassent d’un air rieur des sujets aussi graves et divers que l’engagement politique, le don de soi, l’humanisme, le communautarisme, la laïcité, le devoir de mémoire, le droit à l’oubli…

Pingouin et Goéland, Yvonne et Roger Hagnauer à l’état civil, sont de drôles d’oiseaux. Féministe et syndicaliste convaincue dès la fin des années 30, Yvonne est une des défenseures acharnées d’une école réformée avec Wallon, Freinet, etc. Tandis que Roger, son éducateur de mari, est de cette sorte de révolutionnaire farouchement anti-stalinien, qui a mis ses origines juives au fond de sa poche et écrit fiévreusement dans La Révolution prolétarienne. La guerre ayant mis au chômage nos instituteurs, c’est le gouvernement de Vichy, par une de ces ironies dont l’Histoire a le secret, qui va leur remettre le pied à l’étrier. Lorsque Le Secours National (une institution à la gloire de Maréchal-nous-voilà) demande en 1941 au couple de créer cette maison d’enfants à Sèvres pour y recueillir les orphelins de guerre ou des familles dispersées par l’exode, les autorités ne savent évidemment pas que l’institution va devenir l’oasis de bien des enfants de déportés juifs et politiques, mais aussi d’adultes pourchassés par les polices allemande et vichyste. C’est d’ailleurs pour tromper ces supplétifs du nazisme que le couple met en place, entre autres règles, des pseudonymes animaliers qui sont connus des seuls enfants et impossibles à assimiler à des origines ou des confessions. Parmi ces enfants, non seulement sauvés mais élevés, éduqués par le couple, la mère de Michel Leclerc.

Paradoxalement, à la Libération, les Hagnauer sont toujours victimes, mais cette fois de la chasse aux sorcières que le PC d’alors mène contre les sympathisants trotskystes. Même si justice leur sera rendue, ils restent méconnus, héros modestes, trop incernables, trop irrécupérables, condamnés à rester dans les marges de l’Histoire Officielle. Le film de Michel Leclerc est une entreprise assumée de réhabilitation en même temps qu’un hommage rendu par l’ancien enfant au nom de sa mère, et une belle réflexion, extrêmement actuelle, sur la nécessité de briser les clivages qui nous opposent et de créer, à rebours des résurgences communautaristes, une société enfin pacifiée. Sans angélisme, mais avec le sourire.