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La Paix, éternelle Utopie ?
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LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
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Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

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PLEASURE

Ninja THYBERG - Suède 2019 1h49 VOSTF - avec Sofia Kappel, Revika Reustle, Evelyn Claire, Kendra Spade... Scénario de Ninja Thyberg et Peter Modestij. Interdit aux moins de 16 ans.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

PLEASUREC’est un premier film audacieux et saisissant, qui n’est sans doute pas à mettre devant tous les yeux : il est d’ailleurs interdit aux moins de 16 ans. Sous son clinquant provoquant, résonne un cri d’indépendance et de fureur exaltant, un pamphlet coup-de-poing qui n’a pas plus froid aux yeux que son héroïne principale. Le ton est donné dès que la jeune Suédoise débarque aux USA et qu’à la question rituelle des douanes « Vous venez pour le travail ou le plaisir ? » elle gazouille avec un regard appuyé et langoureux : « le plaisir » (celui qui donne son titre au film).



En foulant le sol américain, c’est une ligne de démarcation qu’elle franchit, qui la libère du regard de ses proches, tout particulièrement de sa mère à laquelle elle mentira éhontément, avec tendresse, en s’inventant un quotidien de jeune fille sage, tout ce qu’elle ne veut pas être et ne sera décidément pas. Car à 19 ans, Linnéa n’aspire qu’à une chose : devenir une star, « la » star du porno. Ses raisons profondes resteront siennes. Dès que ses copines et partenaires abordent le sujet, son sens de la répartie effrontée évince la question, comme si la vraie pudeur était de refuser de dévoiler ses sentiments, non son corps. C’est-là l’un des tacts du scénario qui, tout en se confrontant froidement à une réalité crue, le fait avec respect et jamais ne violente ses personnages, préserve leur part de mystère et d’intimité. Avec brio, la caméra évite tout pathos psychologisant, tout positionnement moralisateur ou voyeuriste, flirte avec les limites du supportable. C’est décidément une femme qui est derrière la caméra, et propose un point de vue féminin, ce fameux « female gaze » (terme inventé par la théoricienne féministe Laura Mulvey). Toujours elle se place au niveau de celles et ceux qu’elle filme, se garde de juger, questionne, observe. Tout comme Linnéa, qui refuse de ciller et de baisser l’échine, elle porte un regard sans concession qui dissèque avec une précision méticuleuse les entrailles du business de la pornographie pour en comprendre les rouages. Dans les pas de Linnéa, qui se rebaptise promptement Bella Cherry, on découvre les ficelles d’un univers aussi rude et performatif que celui des sportifs de haut niveau, sans jamais en atteindre les salaires. Quoi de mieux, pour y faire ses premiers pas que de choisir le Saint des Saints, Los Angeles ? Parvenue dans la Cité des Anges, celle qui en a le physique et l’air d’être tout juste tombée du paradis aura tôt fait de s’y faire accepter et de signer son premier contrat. L’agent qui la chapeaute est protecteur, ses collègues comme ses colocataires se montrent aidants, attentifs, lui dévident des conseils, l’aiguillent dans cette profession ardue. De là naissent de belles amitiés et autant de rivalités. Si Linnéa donne parfois l’impression, l’espace d’une seconde, de risquer de flancher, Bella se reprend aussi tôt, avance la tête haute. Sa force de volonté, en total décalage avec sa bouille ingénue, ses airs innocents, auront tôt fait de remporter de jolies victoires, bien insuffisantes pour gagner la guerre. La compétition impitoyable que se livrent les têtes d’affiche, l’amènera à aller vers des pratiques de plus en plus extrêmes. L’addition sera amère, forcément amère… Quand s’arrête le consentement, où commence la violence ? Alors qu’on a volontairement signé pour être là ?

Si Pleasure résonne juste, c’est en partie parce que ce sont de véritables interprètes du X (hormis la protagoniste principale, l’extraordinaire Sofia Kapel) qui incarnent les personnages. Le résultat est aussi fascinant que dérangeant, on atteint une véracité rare, fruit d’une approche quasi documentaire sur laquelle se tisse cette solide fiction, très pop, pêchue. Un conte contemporain, sans morale, amoral diront certains, où émancipation et aliénation, plaisir et douleur, liberté et exploitation semblent inextricablement et irrémédiablement liés.