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La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde  avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...

Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

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AS BESTAS

Rodrigo SOROGOYEN - Espagne / France 2022 2h17 VOSTF - avec Denis Ménochet, Marina Foïs, Luis Zahera, Diego Anido... Scénario d’Isabel Peña et Rodrigo Sorogoyen.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

AS BESTASCet incroyable thriller, haletant, tendu comme l’arc d’un maître du kyudo (discipline traditionnelle japonaise), confirme le talent éclatant de Rodrigo Sorogoyen, réalisateur espagnol qui s’offre avec ce nouvel opus une passe de trois impressionnante, puisque As Bestas vient après les formidables El Reino (2018) et Madre (2020) – déjà co-écrits avec Isabel Peña –, programmés et ardemment défendus dans nos salles. Autre confirmation d’importance, celle de l’acteur français Denis Ménochet, qui nous a durablement marqués avec ses rôles diamétralement opposés dans Jusqu’à la garde (2017) de Xavier Legrand et Grâce à Dieu (2018) de François Ozon, et que vous pourrez voir également sur cette gazette dans le Peter Von Kant du même Ozon, pour lequel il incarne cette fois l’alter ego fictif de Rainer Werner Fassbinder. C’est l’été Ménochet !

Il est ici Antoine, un quinquagénaire français qui, avec son épouse Olga, a décidé depuis un bout de temps et au hasard de ses pérégrinations de s’installer dans une ferme de Galice, cette région pauvre et isolée du Nord Est de l’Espagne, afin d’y pratiquer une agriculture responsable tout en retapant des bâtiments abandonnés et contribuer ainsi à l’éventuel repeuplement du village, victime comme tant d’autres de l’exode rural. On pourrait penser que le couple a été accueilli à bras ouverts et s’est bien intégré dans cet endroit qui a besoin de trouver un nouveau souffle, un nouveau dynamisme, mais la réalité est plus sombre : une méfiance naturelle d’une partie des locaux vis-à-vis des étrangers a créé un antagonisme délétère et un conflit d’intérêts divergents va faire déraper la situation. Antoine et Olga s’opposent à l’installation d’éoliennes qui permettraient une rentrée d’argent conséquente pour tous les habitants du village. Entre le gain immédiat pour des gens qui ont toujours vécu très chichement et le respect des paysages prôné par deux Français qui croient avoir trouvé ici leur paradis sur terre, deux logiques irréconciliables vont s’affronter. Tout spécialement entre le couple et deux frères souvent violents et alcoolisés, les inquiétants Xan et Lorenzo. Peu à peu, aux réflexions ironiques mais inoffensives à l’unique café du village vont succéder les insultes et les menaces, puis les sabotages, puis les agressions… dans une tension qui va graduellement s’installer.

Sorogoyen orchestre avec une maîtrise confondante la montée de l’inquiétude, qui vire à la terreur au fil de la vindicte de plus en plus explicite des autochtones – aux États-Unis, on dirait les Rednecks. Mais Sorogoyen se garde bien de condamner sans appel ces paysans oubliés de la modernité, qui vivent misérablement sur quelques hectares de terre hostile et qui voient dans la manne financière – à leur échelle en tout cas, c’est bien une manne – que leur offre l’installation des éoliennes un moyen d’améliorer leur pauvre quotidien. Leurs motivations profondes sont respectées, ainsi que leur opposition viscérale à ces voisins étrangers qui risquent de les priver de cet argent au nom de leurs principes. Même si évidemment la haine et la violence ne sont jamais cautionnées – elles sont même montrées dans toute leur bassesse.

On sent chez le réalisateur une fascination pour ce monde rural qui n’a pas bougé durant des décennies, comme dans cette puissante scène d’introduction montrant des « aloitadores » dressant des chevaux à la manière ancestrale, luttant avec eux, les immobilisant jusqu’à ce que l’animal accepte docilement que sa crinière soit taillée.
Dans ce film de confrontation et d’obstination, Denis Ménochet livre une performance exceptionnelle, tout en force marmoréenne inflexible et en colère rentrée. Dans la deuxième partie qu’on ne vous dévoilera surtout pas, c’est au tour de Marina Foïs, remarquable elle aussi, d’incarner sans violence une détermination froide et implacable.