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La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
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Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

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IL ÉTAIT UNE FOIS PALILULA

Écrit et réalisé par Silviu PURCARETE - Roumanie 2012 2h22 VOSTF - avec Aron Dimény, George Mihaita, Razvan Vasilescu, Ofelia Popii... Resté inédit en France jusqu’à ce jour, déniché par les chercheurs de trésors de ED Distribution.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

IL ÉTAIT UNE FOIS PALILULAPar où commencer ? Sans doute, comme le film, par l’improbable arrivée d’un improbable jeune médecin dénommé Serafim dans l’improbable ville de Palilula, aussi vivante que fantomatique, aussi paradisiaque qu’infernale. Le titre l’annonce clairement, nous voilà immergés dans un incroyable conte de fée baroque et pas du tout, mais alors vraiment pas du tout pour les enfants. D’ailleurs il n’y a pas l’ombre d’un chérubin à Palilula, seuls s’y agitent des adultes éternellement immatures et goulûment taquins. Pourquoi les autorités ont-elles choisi d’y envoyer Serafim, fraîchement diplômé en pédiatrie ? Les voies de l’administration roumaine des années 60 sont aussi impénétrables que celles du parti du petit père du peuple.



Alors que tous s’affairent dans un quotidien indéfiniment orgiaque, le camarade Virgil Codreanu, plaisamment surnommé Trotzki, pourtant tout aussi barré que les autres, s’évertue à remettre un semblant d’ordre dans tout ça : « Carpe Diem ! ». Mais dans cette nef des fous à la dérive perdue au fin fond des Balkans, tous vous raconteront que la nourriture est un luxe tandis que l’alcool est un must. Cela donne le ton ! Et le sobre Serafim, d’abord désarçonné puis plus étonné de rien, apprendra progressivement à se plier aux coutumes locales, avec de grands yeux écarquillés et le gosier de plus en plus ouvert : « vous prendrez bien un peu de vodka pour fêter votre arrivée !? » ou un peu de whisky propose en alternative Gogu Americanu, son collègue noir venu du Burundi (mais qu’allait-il donc faire dans cette galère ?).
Eh oui ! Serafim n’est pas ici le seul docteur, mais aucun ne travaille plus que lui, les autres sont trop occupés à trousser les infirmières ou à faire des parties de jambes en l’air avec les patientes. Progressivement l’ambiance de décadence joyeuse s’imprégnera dans l’âme du jeune pédiatre, tous déteindront sur lui, même la femme chèvre et l’hermaphrodite qui change de sexe à chaque nouvelle lune comme le font les loups-garous. Comment résister à cette cadence psychédélique, aux airs de musiques tziganes entraînants toujours prêts à jaillir, à cette humanité grouillante, croassante à l’instar des grenouilles qui pullulent dans l’étang marécageux ?

Palilula s’avèrera tour-à-tour poétique, lumineuse, puis dégoûtante, consternante, puis à nouveau pétillante, plongée dans un mouvement perpétuel infini où la fiction, les rêves merveilleux et cauchemardesques semblent inextricablement imbriqués à la réalité. Tout comme Serafim, il faudra se laisser porter par la fantasmagorie du lieu, ses secrets dessous, ses symboles voilés, ses critiques sur la fin d’un monde, le début d’un autre. Il faudra accepter que les morts puissent réapparaître en chair et en os au milieu des vivants, que le Christ descende sur Terre pour photographier les humains. Il faudra accepter que vrombissent les locomotives surgies de nulle part, chargées de lauriers roses, avant qu’elles disparaissent la seconde d’après dans le néant. Comme Serafim, nous voilà pris au piège d’un récit abracadabrantesque dont on ne peut s’extirper, pas plus que les personnages du film L’Ange exterminateur de Luis Buñuel ne pouvaient s’évader de l’appartement où ils s’étaient eux-mêmes rendus, comme piégés par un sort invisible, incompréhensible…

Silviu Purcărete, le réalisateur, est un des plus grands hommes de théâtre européens, et l’art de ses mises en scène se ressent dans tous les plans conçus comme autant de tableaux jubilatoires, mais aussi dans un esprit de troupe chaleureux, pantagruélique jusqu’à nous donner vertiges et sueurs froides. Une vraie grande découverte. Merci ED !