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La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde  avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...

Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

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LES PIRES

Lise AKOKA et Romane GUERET - France 2022 1h39 - avec Mallory Wanecque, Timéo Mahaut, Johan Heldenbergh, Loïc Pech... Scénario de Lise Akoka, Romane Gueret et Eléonore Gurrey. Grand prix Un certain regard , Festival de Cannes 2022 • Grand Prix, Festival du film francophone d’Angoulême 2022.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

LES PIRESRyan, 10 ans aux prunes, est une teigne. Petit blondinet costaud, rempli de colère, buté, bagarreur, suivi en classe par une AVS, il vit chez sa grande sœur et ne croise guère sa mère que dans le bureau de l’assistante sociale. Lily est une lycéenne extravertie, trop vite grandie, trop tôt confrontée au malheur et au deuil après la mort de son petit frère, qui essaie maladroitement de continuer à vivre et de ne pas se murer dans sa tristesse et son désintérêt pour le monde des ados qui l’entourent. Graine de caïd mal dégrossie, fluet mais grande gueule, Jessie sort tout juste de prison et compense maladroitement sa timidité en roulant en permanence des mécaniques. Maylis, moins timide que pudique, est une jeune fille en recherche de genre et en quête de sens – elle est probablement, de la petite bande, la plus réellement endurcie, la plus affûtée, et la moins perdue. Ce sont des gosses de la cité Picasso, à Boulogne-sur-Mer. Une de ces cités péri-urbaines déshéritées, affublées de noms sensément chatoyants pour faire oublier la détresse sociale. Quatre gamins durement marqués par la vie, de mauvaise réputation dans un quartier mal aimé – les pires du titre, c’est eux. Eux qu’un réalisateur flamand un peu lunaire a pourtant sélectionnés pour tourner, dans la cité-même, un film improbable, entre souvenirs d’enfance, onirisme et réalisme social, au grand dam du voisinage et des travailleurs sociaux. Les uns ne comprenant pas qu’on leur complique la vie quotidienne et qu’on se donne tant de mal à « faire du cinéma » à Picasso, dont la représentation ne fera que valider en définitive l’image de quartier pourri, miséreux. Les autres, nettement plus remontés, considérant que le cinéma qui fait son miel de la misère réduit à néant des décennies d’efforts pour rendre aux habitants un minimum de fierté et les tirer vers le haut. Bien sûr, rien n’est si simple…
Entre les scènes qu’ils tournent en entrant plus ou moins facilement dans la peau de leurs personnages cabossés, et leurs vies réelles, bien moins sommaires qu’un scénario, on s’attache aux pas de Ryan, Maylis, Lily (ces trois-là crèvent littéralement l’écran) et Jessie – et de leurs familles, leurs amis, dont les vies sont momentanément troublées par le tournage. Devant la caméra, même si l’expérience peut donner naissance à des vocations, personne n’est vraiment dupe du miroir aux alouettes que constitue l’intrusion du cinéma dans leur quotidien. Il en va de même pour l’attitude de l’équipe de tournage vis-à-vis des gamins : ni méprisants, ni condescendants, les techniciens ne se départissent pas de leur professionnalisme bienveillant, qui matérialise la frontière entre la fiction et le réel.

Aux antipodes du voyeurisme misérabiliste, qui est le procès régulièrement intenté aux réalisateurs de films ancrés dans les réalités sociales les plus rudes, Les Pires décrit le bonheur qu’il peut y avoir à se confronter à la misère qu’on dissimule habituellement sous le tapis. Ce qu’il y a de beau et de généreux à permettre à des gosses, plus souvent qu’à leur tour abandonnés à eux-mêmes, de se raconter, fût-ce au travers de personnages de fiction. Les réalisatrices Lise Akoka et Romane Gueret signent là un vibrant plaidoyer en faveur de leur cinéma – elles qui, avant de réaliser, ont justement fait ce boulot de casting un peu spécial de dénicher puis d’accompagner des enfants sur des tournages. Elles nous transmettent leur expérience avec une intense jubilation. Sur un rythme soutenu, leurs jeunes comédiens transmettent au film une énergie dingue, faite de drôlerie et d’émotion. Et la découverte, au détour d’un plan, du sourire franc, lumineux, adressé à la caméra, d’un gamin qui pour une prise a « réussi », a tordu le cou à ses peurs et ses démons, est une pépite inestimable.