LA GAZETTE
(à télécharger au format PDF)

NOUS TROUVER
(et où trouver la gazette)

NOS TARIFS :
TARIF NORMAL : 7,50€
CARNET D'ABONNEMENT : 55€ (10 places, non nominatives, non limités dans le temps, et valables dans tous les Utopia)
Séance avant 13h : 5€
Moins de 18 ans : 5€

RSS Cinéma
RSS Scolaires
RSS Blog

(Quid des flux RSS ?)

EN DIRECT D'U-BLOG

Le blog des profondeurs...
(de champ)

La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde  avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...

Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

Soutenez Utopia Palmer

CHILI 1976

Manuela MARTELLI - Chili 2022 1h38 VOSTF - avec Aline Küppenheim, Nicolás Sepúlveda, Hugo Medina, Alejandro Goic, Carmen Gloria Martínez... Scénario de Manuela Martelli et Alejandra Moffat.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

CHILI 19761976, soit trois ans après le coup d’État qui, avec l’appui des États-Unis, a renversé le gouvernement du Président Allende et porté Augusto Pinochet à la tête du Chili, la junte militaire tient le pays en coupe réglée. Interdiction des syndicats et des partis politiques, couvre-feu, abolition de la liberté de la presse, censure, traque des opposants… La limitation drastique des libertés individuelles, l’instauration d’une dictature féroce sont le terreau sur lequel peut fleurir le fameux « miracle » chilien, qui fait le bonheur et l’admiration des chantres de la libéralisation à marche forcée de l’économie.



La bonne bourgeoisie chilienne, qui en est la principale bénéficiaire, s’accommode fort bien d’un régime musclé qui, au nom de la lutte contre le communisme, intensifie la répression contre ses opposants, arrêtés, exilés, torturés ou exécutés. On ne le répétera jamais assez, c’est si beau, si bon, pour une classe dirigeante, « un pays qui se tient sage ». Carmen fait partie de ces privilégiés qui vivent plutôt bien sous Pinochet. Mère et grand-mère comblée, fière épouse d’un chirurgien renommé, catholique sincère, elle regarde sans vraiment la voir la violence d’État qui s’exerce à tous les coins de rue. Comme elle côtoie sans vraiment la comprendre l’opposition qui tente de s’exprimer, aussitôt muselée, réprimée. Pour l’heure, sa principale occupation consiste à superviser les travaux d’aménagement de sa résidence secondaire en bord de mer. Là, à l’écart du bruit et de la fureur de la capitale, vont et viennent ses enfants et petits-enfants, pour d’insouciantes retrouvailles familiales, tandis qu’elle consacre son temps libre à ses bonnes œuvres aux côtés du brave curé de la paroisse. Lequel brave curé lui demande un beau jour de prendre soin avec lui d’un jeune homme, grièvement blessé, qu’il héberge en grand secret. Toute dévouée à sa morale chrétienne et en cachette de sa famille, Carmen prend en charge le garçon, dont le prénom n’est vraisemblablement pas le prénom, dont l’histoire n’est sans doute pas exactement celle que lui a contée le prêtre. Et à son contact, elle commence à entrevoir l’envers du décor du « miracle » chilien.
Écrit et réalisé comme un polar intimiste, le film de Manuela Martelli brosse avec délicatesse et une belle palette de nuances le portrait de Carmen – et à travers elle celui du Chili de ces années-là. Par petites touches, la réalisatrice raconte les ambiguïtés, les antagonismes d’une bonne société pour qui la peur-panique du communisme a justifié l’instauration d’un État d’urgence et permet toutes les exactions – mais se marie difficilement avec les préceptes de l’Église. Laquelle est violemment partagée entre une hiérarchie réactionnaire proche du pouvoir militaire et une base, prêtres, curés, largement gagnée au courant de pensée de la théologie de la libération – dont, sans que ce soit formellement dit, le curé de village qui « embrigade » Carmen serait une représentation. Tout en subtilité, le film évite adroitement l’écueil du drame psychologique et moralisateur en utilisant les codes du thriller, musique entêtante, suspense, rares et efficaces effets de surprise. Il oscille ainsi entre moments de tension intense et description sociale minutieuse, pour raconter l’histoire d’une femme qui s’éveille sur le tard aux réalités qui l’entourent, alors que son pays tout entier va durablement étouffer sous une chape de plomb.