LA GAZETTE
(à télécharger au format PDF)

NOUS TROUVER
(et où trouver la gazette)

NOS TARIFS :
TARIF NORMAL : 7,50€
CARNET D'ABONNEMENT : 55€ (10 places, non nominatives, non limités dans le temps, et valables dans tous les Utopia)
Séance avant 13h : 5€
Moins de 18 ans : 5€

RSS Cinéma
RSS Scolaires
RSS Blog

(Quid des flux RSS ?)

EN DIRECT D'U-BLOG

Le blog des profondeurs...
(de champ)

La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde  avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...

Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

Soutenez Utopia Palmer

NEZOUH

Écrit et réalisé par Soudade KAADAN - Syrie 2022 1h43 VOSTF - avec Hala Zein, Kinda Aloush, Nizar Alani, Samer Almasri...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

NEZOUHCe beau film évoque la tragédie syrienne avec beaucoup de poésie et d’humanisme, en même temps qu’il aborde la question du patriarcat et de l’indispensable émancipation féminine sans faire de l’homme un monstre à fuir à tout prix. Un film qui, grâce lui soit rendue, traite avec douceur des zones grises de l’âme humaine.
Nous sommes dans un quartier assiégé de Damas, plongés dans une situation intenable que ses habitants affrontent pourtant depuis plus de 10 ans. Peu importe de quel côté sont les belligérants, on va s’attacher à une famille devenue l’otage impuissante de cette guerre dont il est quasiment impossible de comprendre totalement les tenants et les aboutissants.

Motaz vit avec son épouse Halla et leur fille adolescente Zeina. Si la guerre, les bombardements et la menace des snipers ne rythmaient pas leur quotidien, on sent que cette famille vivrait heureuse dans l’amour que chacun se porte. Mais au lieu de cela, elle vit dans l’angoisse permanente. Halla et Zeina sont cloîtrées et sont terriblement inquiètes chaque fois que Motaz, au péril de sa vie, sort chercher quelques vivres. On comprend que Zeina a des grandes sœurs parties en exil. Les seules lueurs d’espoir se concentrent sur un générateur que Motaz, excellent mécanicien, essaie de bricoler pour avoir quelques heures d’électricité. Mais la famille est fracturée par un désaccord profond : Motaz, qui a investi dans l’appartement et qui, par fierté stupide, pense que le statut de réfugié est un déshonneur, s’obstine à forcer sa famille à rester là alors que l’immense majorité des voisins ont fui. Et un jour, c’est étonnamment un missile qui va apporter l’espoir : un missile qui éventre le salon et ouvre un énorme puits de lumière dans le plafond de la chambre de Zeina. S’ouvre en même temps pour la mère et la fille un ailleurs, notamment pour Zeina quand un adolescent voisin va profiter du trou (« nezouh ») pour lui rendre des visites secrètes. Un adolescent plutôt inventif et malin, qui a récupéré un drone auprès de journalistes qui ont quitté la zone, et qui va apprendre à Zeina l’existence d’un tunnel pour s’échapper de la zone de front…
La réalisatrice syrienne Soudade Kaadan brosse des portraits extrêmement délicats de ses personnages. Motaz est insupportable d’obstination et d’autoritarisme machiste – il projette même de marier sa toute jeune fille – mais il aime profondément sa famille. Halla, femme intelligente et déterminée, a soif de liberté et sait que celle-ci ne peut passer que par l’abandon de son mari… et pourtant il est évident qu’elle l’aime profondément. Mais le charme principal du film est d’avoir transformé ce lieu cauchemardesque en oasis poétique. Le trou énorme dans le plafond de sa chambre devient une échappatoire onirique à travers lequel Zeina s’invente la mer (synonyme de fuite du pays) où elle jette des gravats de l’explosion pour faire des ricochets. Et les draps que Motaz a tendus pour boucher cette ouverture béante deviennent les voiles de bateaux imaginaires. Et quand la mère et la fille s’aventurent enfin à quitter l’appartement pour un périple périlleux avec l’adolescent et son drone, leur parcours devient pour elles une aventure à la Indiana Jones.

La poésie prégnante du film nous fait penser que le palestinien Marhmoud Darwich, qui a toujours résisté à la cruauté du sort de son peuple par la poésie, n’aurait sûrement pas renié Nezouh.