La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...
LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...
Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ?
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...
La Ménardière : un habitat partagé en construction…
À Bérat, à mi-chemin entre l’Ariège et Toulouse, la Ménardière est un beau domaine aux multiples possibilités. Acquis en 2019 par une douzaine de personnes au bord de la retraite qui refusaient le destin peu folichon, que nos sociétés réservent à leurs vieux : ni solution privée au coût e...
Écrit et réalisé par Veit HELMER - Georgie / Allemagne 2023 1h22 - avec Mathilde Irrmann, Nino Soselia, Zviad Papuashvili, Niara Chichinadze...
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Il était une fois, au cœur des magnifiques montagnes du Caucase, un vieux téléphérique (« Gondola », c’est son nom) gravissant et descendant tel un métronome, deux fois par heure du petit matin jusqu’à la tombée de la nuit, les flancs escarpés de l’Adjarie, permettant ainsi aux communautés villageoises alentour de rallier la vallée plus aisément.
Il était une fois, dans ce pittoresque décor, une jeune femme, Iva, de retour dans la vallée suite au décès d’un proche, accueillie par des habitants aussi aimables que des portes de prison, et décidant de se présenter au poste désormais libre d’hôtesse de l’une de ces télécabines à l’ancienne.
Là, dans le silence et la beauté des airs, désormais vêtue de son joli petit uniforme, elle fait la connaissance de son homologue de l’autre cabine, Nina, et, au rythme répétitif des descentes et montées, noue avec elle une complicité intermittente, destinée d’abord à déjouer l’ennui. Car, il faut le dire, peu de gens empruntent encore le téléphérique : parfois un villageois descend à la ville nichée au fond de la vallée, une fillette espiègle remonte chez elle, souvent flanquée de son petit amoureux, cette vieille femme déplace un cercueil, ce paysan ramène une vache… Et, cerise sur le gâteau, le chef de gare est un butor, s’autorisant le droit de refuser l’accès à un voyageur handicapé en fauteuil !
Alors, face à la morosité ambiante, la complicité entre Nina et Iva devient progressivement un florilège d’idées toutes plus astucieuses et pétillantes les unes que les autres, qui nourrissent leur amitié naissante, légère et fraîche, teintée de leur jeunesse et de leur soif d’extra-ordinaire. Et nous voilà embarqués dans un véritable festival ludique !
Ce petit film est une bouffée d’oxygène dans la grande tradition du burlesque, entre Chaplin et Tati : un cinéma sans dialogues, à la fois inventif, original et tendre, riche en trouvailles poétiques, sachant utiliser à merveille son espace à la fois réduit (les deux cabines, les stations à chaque bout de la ligne) et vaste (l’immensité du ciel et la majesté du décor naturel) pour faire progresser un récit très simple à travers de multiples variations cocasses et tendres. Tous les petits riens environnants deviennent, à force d’ingéniosité, des partenaires de jeu, le travail musical et sonore de premier ordre donne une dimension festive, décalée et attachante à tout ce qu’il habille, et enfin le jeu très expressif des deux actrices principales nous fait partager le plaisir de leurs rencontres.
Le réalisateur allemand Veit Helmer, formé entre autres auprès de Wim Wenders, est tombé sous le charme des paysages géorgiens, et il signe ici son quatrième long-métrage sans paroles, le troisième tourné en Géorgie ! Son œuvre, atypique et délicate, trouve dans le cinéma muet du début du siècle dernier l’écrin sensible dans lequel se lovent des sujets à la fois actuels, modernes et… intemporels, nous transportant toujours hors des sentiers battus. Et grâce à cette économie des dialogues, l’attention est portée d’autant plus vers l’universalité des émotions et des sentiments. Petit joyau pétillant, Gondola nous rappelle aussi des œuvres plus récentes, telles que The Grand Budapest Hôtel de Wes Anderson, notamment pour son côté maquettes colorées et son esprit facétieux, à la lisière du conte.
Aussi agréable qu’une brise légère sous le soleil des vacances, Gondola est le film parfait de notre été : une ode lumineuse et joyeuse à la liberté d’aimer qui l’on veut, de laisser sa fantaisie prendre de la hauteur, s’élever dans les airs, rallumer les regards, faire briller les petits détails à côté desquels on passe sans les voir, pour enfin réenchanter le monde, avec l’élégance ultime de la simplicité !