Soutenez Utopia Palmer LA GAZETTE
(à télécharger au format PDF)

NOUS TROUVER
(et où trouver la gazette)

NOS TARIFS :
TARIF NORMAL : 8€
CARNET D'ABONNEMENT : 55€ (10 places, non nominatives, non limitées dans le temps, et valables dans tous les Utopia)
Séance sur fond gris : 5€
Moins de 18 ans : 5€

RSS Cinéma
RSS Scolaires
RSS Blog

(Quid des flux RSS ?)

EN DIRECT D'U-BLOG

Le blog des profondeurs...
(de champ)

30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...

Stop Bolloré ! L'appel du collectif
Le collectif Stop Bolloré a vu le jour en décembre 2021 et rassemble des membres et des organisations de la société civile qui s’inquiètent de la concentration des médias et de l’édition en France et des dangers que cela représente pour la démocratie. Le projet du collectif, qui est poli...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°101 au n°117
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°101 au n°117   Samedi 17 avril Hier, fin N° 101. Juliette Binoche, 30 ans plus tard, et magnifique, dans un autre de ses plus beaux rôles. La musique, c’est le célébrissime Canon en ré majeur de Johann Pa...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°51 au n°100
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°51 au N°100 //////////////////////////////////////// Vendredi 26 février  Hier, fin N° 51. Saisissante. Tout comme l’est la séquence d’ouverture du film, qui montre la jungle s’enflammer sous les bombes a...

SORRY TO BOTHER YOU

Écrit et réalisé par Boots RILEY - USA 2018 1h51mn VOSTF - avec Lakeith Stanfield, Tessa Thompson, Jermaine Fowler, Omari Hardwick, Danny Glover, Armie Hammer, Steven Yeun...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

SORRY TO BOTHER YOUCassius Green est un battant. Avec un prénom de boxeur pareil, rien d'étonnant. Sauf qu' à l'exception de sa petite amie Detroit, il est le seul à le croire. Il faut dire qu'être obligé de vivre dans un garage que lui loue son oncle ne l'aide pas beaucoup à cultiver son image de winner. Aussi, quand son pote Sal lui propose de le pistonner pour intégrer la boite de telemarketing RegalView, il y voit le marchepied qui va le mener vers la gloire.
Sauf que (il va y avoir beaucoup de sauf que dans ce film donc dans ce texte), pour exceller dans le telemarketing, en plus de remiser ses scrupules au placard pour se convaincre qu'il est de bon commerce de vendre des meringues à un diabétique, il faut avoir la « bonne voix ». Et à Oakland comme dans le reste de l'Amérique, la bonne voix, c'est une voix « blanche ». Et si vous avez assez d'esprit de déduction pour deviner d'où et de qui vient son prénom, vous avez déjà compris que Cassius ne correspond pas exactement au profil.
Sauf que, à force d'échecs, de rebuffades, de camouflets, Cassius parvient à maitriser l'insaisissable accent : et ça marche ! Devenu rapidement la coqueluche de ses maîtres, il décroche la timbale et monte dans les étages réservés aux supervendeurs, oubliant au passage ses collègues d'infortunes, qui se battent pour des conditions de travail décentes. Peu lui importe au fond, puisque il concrétise enfin le rêve américain, celui du self-made man. Sauf que le rêve va rapidement tourner au cauchemar pour Cassius, quand il va comprendre dans quel enfer son égoisme l'a précipité.

Si ce résumé vous parait aussi énigmatique que lourd dans ses répétitions, rassurez-vous, c'est à dessein, tant l'invraisemblable conte moderne concocté par le magicien des platines Boots Riley (leader du groupe de rap-funck engagé The Coup) pourrait se dérouler comme un flow scandé par le gimmick « sauf que… » ; on croit partir sur une comédie sociale à la Ken Loach, et paf, sans prévenir on se retrouve dans un film d'agit-prop' matiné de réalisme magique, tirant à boulets rouges sur l'arrivisme érigé en valeur morale, l'esclavage moderne, les relations de classe dans une société américaine gangrénée par la haine raciale et la violence des rapports de domination, la bêtise des médias de divertissement, et ce nouveau capitalisme de la Silicon Valley, celui des Steve Jobs et des Jeff Bezos, aussi philantropes dans leurs déclarations qu'impitoyables businessmen dès qu'il s'agit de défendre leur pré carré face aux revendications de leurs employés.
A travers la galerie de personnages qui se débattent dans des situations de plus en plus abracadabrantesques, Riley brosse le portrait de cette communauté noire d'Oakland tiraillée entre solidarité et fuite en avant. Si Cassius se perd dans ses illusions de grandeur, Detroit incarne la lutte farouche que mènent les afro-américain.e.s pour la reconnaissance de leurs droits, « par tous les moyens nécessaires » pour paraphraser Malcolm X.

Mais que le paragraphe précédent ne vous égare pas : si Sorry to bother you est incontestablement un film engagé, c'est avant tout une comédie loufoque qui pousse très très loin la suspension de l'incrédulité, filant la métaphore de l'aliénation par le travail jusque dans ses retranchements les plus absurdes. Mélange improbable entre l'humour du Satursday Night Live et celui des Monty Python, Sorry to bother you vous embarque dans un Grand-huit anarcho-situationniste dont vous sortirez secoué, hilare, et avec une seule idée en tête : faire la révolution au son des Boom-box !