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30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...

Stop Bolloré ! L'appel du collectif
Le collectif Stop Bolloré a vu le jour en décembre 2021 et rassemble des membres et des organisations de la société civile qui s’inquiètent de la concentration des médias et de l’édition en France et des dangers que cela représente pour la démocratie. Le projet du collectif, qui est poli...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°101 au n°117
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°101 au n°117   Samedi 17 avril Hier, fin N° 101. Juliette Binoche, 30 ans plus tard, et magnifique, dans un autre de ses plus beaux rôles. La musique, c’est le célébrissime Canon en ré majeur de Johann Pa...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°51 au n°100
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°51 au N°100 //////////////////////////////////////// Vendredi 26 février  Hier, fin N° 51. Saisissante. Tout comme l’est la séquence d’ouverture du film, qui montre la jungle s’enflammer sous les bombes a...

STILL LIFE

JIA ZHANG KE - Chine 2006 1h50mn VOSTF - avec Han Sanming, Zhao Tao... Scénario de Jia Zhang Ke, Sun Jianmin et Guan Na. LION D’OR, FESTIVAL DE VENISE 2006.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

STILL LIFE« L’ancien monde se meurt, le nouveau n’est pas encore là, dans ce clair-obscur surgissent les monstres. » (Antonio Gramcsi dans ses Carnets de prison)

Après le magnifique The World, Jia Zhang Ke confirme avec Still Life qu’il est sans doute le plus grand cinéaste chinois actuel. Celui qui sait comme aucun autre rendre compte du bouleversement extraordinaire et terrifiant actuellement en cours dans son pays, et lui donner les dimensions d’une tragédie moderne, d’une épopée morale, sociale et politique. Ça nous donne ce film exaltant et bouleversant, qui mêle avec une maîtrise impressionnante l’intime et le collectif, l’attention minutieuse portée aux petits faits, aux petis gestes du quotidien et l’ampleur visionnaire, le sens de la mise en scène, la recherche esthétique qui font les grandes oeuvres.

Le cœur, à la fois géographique et dramaturgique, de Still Life, c’est le fameux barrage des Trois Gorges. Une moderne muraille au cœur de la République populaire de Chine, sur le cours du Yangzi Jiang, dont la mise en service doit se terminer en 2009. D’une longueur de plus de deux kilomètres, d’une hauteur de 185 mètres, créant une retenue de 39 milliards de mètres cubes d’eau, ce sera le plus grand barrage hydroélectrique du monde. Mais au-delà de la performance technologique, et en attendant les retombées industrielles et économiques espérées (par qui ?), l’impact sur l’environnement et sur les populations locales est à l’échelle du gigantisme du projet : à peine imaginable ! Une centaine de villes et de villages entièrement détruits, un million et demi d’habitants déplacés, le paysage dévasté, 160 sites historiques et archéologiques engloutis… Sans qu’aucune aide de l’état ne soit versée… C’est le nouveau réalisme à la chinoise !
Rien d’étonnant donc à ce que le film commence sur l’eau, sur un bateau transportant une multitude de pauvres gens qui se dirigent vers Fengjie, une des rares villes de la région qui existe encore, sans doute plus pour longtemps. Dès ces premiers plans, on sent, on sait que la caméra filme juste, elle saisit les traits fatigués, les regards incrédules, les expressions résignées, mais aussi les sourires et les répliques qui fusent : still life, la vie encore, malgré tout…
Parmi les voyageurs, un petit bonhomme placide, solitaire, pas causant. San Ming arrive de sa lointaine campagne, où rien ne le retenait, ni attaches ni travail, pour retrouver son ex-femme et sa fille, qu’il n’a pas vues depuis 16 ans ! Le temps est une notion toute relative… En l’occurrence, ce sont peut-être les derniers six mois qui ont fait la différence : si San Ming était arrivé quelques semaines plus tôt, les retrouvailles auraient peut-être eu lieu… Mais aujourd’hui, l’immeuble, la rue, le quartier où l’épouse et la fille ont vécu ne sont plus qu’une vague tâche verdâtre noyée sous les eaux du barrage… Elles sont parties plus loin sur le fleuve, chez un vague parent, en quête de moyens de subsistance.
San Ming va donc rester là, trouver un logement et un boulot précaires, se familiariser avec les us et coutumes de la communauté en situation de survie : système D, combines minables, corruption, implantation d’une mafia de seconds couteaux…
Plus tard dans le déroulement du film, apparaîtra un personnage féminin parallèle : Shen Hong est à la recherche de son mari, qui, loin d’être une victime, a prospéré grâce au chantier du barrage mais qui ne donne plus signe de vie depuis deux ans. La détresse de Shen Hong est ainsi moins criante que celle de San Ming : elle est institutrice, elle a sa vie ailleurs, elle souffre d’avoir été abandonnée et trahie, elle en guérira sans doute…
Un homme et une femme au cœur du chaos, à la recherche de leur passé, de leurs amours perdues, de nouvelles raisons de vivre ; des images d’une force, d’une authenticité incroyables… et soudain des trouvailles magiques : un immeuble qui décolle comme une fusée, un funambule entre ciel et terre. Un grand film, tout simplement.

Jeudi 12 Septembre 2019 à 20h45
Projection 35 mm