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30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...

Stop Bolloré ! L'appel du collectif
Le collectif Stop Bolloré a vu le jour en décembre 2021 et rassemble des membres et des organisations de la société civile qui s’inquiètent de la concentration des médias et de l’édition en France et des dangers que cela représente pour la démocratie. Le projet du collectif, qui est poli...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°101 au n°117
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°101 au n°117   Samedi 17 avril Hier, fin N° 101. Juliette Binoche, 30 ans plus tard, et magnifique, dans un autre de ses plus beaux rôles. La musique, c’est le célébrissime Canon en ré majeur de Johann Pa...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°51 au n°100
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°51 au N°100 //////////////////////////////////////// Vendredi 26 février  Hier, fin N° 51. Saisissante. Tout comme l’est la séquence d’ouverture du film, qui montre la jungle s’enflammer sous les bombes a...

BRIGHT STAR

Écrit et réalisé par Jane CAMPION - Australie 2009 2h VOSTF - avec Abbie Cornish, Ben Whishaw, Paul Schneider, Kerry Fox... SÉLECTION OFFICIELLE, FESTIVAL DE CANNES 2009.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

BRIGHT STAR« A thing of beauty is a joy for ever »... Il n'y a pas mieux que ce petit morceau d'un poème de Keats, dont ma prof d'anglais avait su nous faire aimer l'inoubliable musicalité, pour célébrer le film de Jane Campion. On garde en mémoire Un ange à ma table, La Leçon de Piano ou Portrait de femme et on retrouve un peu de tout ça dans Bright star. Jane Campion nous revient en toute splendeur pour une bouleversante histoire d'amour, celle du jeune poète anglais John Keats, héros émouvant d'un romantisme incandescent, avec Fanny, la fille de ses voisins londoniens, toute de réserve et d'audace, d'humour et de passion mêlés...
Le film de Campion se fond avec l'esprit de la poésie de Keats, brillante dans des images en fusion permanente avec des sentiments d'une délicatesse troublante... Ici l'amour s'exprime dans les effleurements, dans les regards, les conversations provocatrices ou feutrées: la simple certitude de la présence de l'être aimé, de l'autre côté d'une cloison de bois, suffit à embraser les sens sans même que les corps se touchent. Le plaisir est dans le désir et l'idée qu'on se fait de l'amour, un amour qui bouleverse le rapport des individus à toute chose.

Fanny est de cette époque où les grands sentiments se devaient de s'exprimer avec réserve et n'en devenaient que plus dévorants. Sous la surveillance permanente d'un chaperon (sa craquante petite sœur), les taquineries comme les banalités se chargent de sensualité. Grande époque où les interdits et la bonne éducation exaltaient les émotions au point que le simple effleurement de lèvres pouvaient conduire à l'extase.
1820, un petit village dans la campagne anglaise tout près de Londres. Keats est fauché, la poésie ne lui rapporte pas un sou et il loge chez un ami poète mais grossier et phallocrate, qui voit d'un sale oeil l'influence de cette aguicheuse qui ne sait que « badiner et coudre ». Car la Fanny en question adore les chiffons, les fanfreluches, coud elle-même ses robes avec beaucoup d'imagination, mais persifle volontiers, a une langue bien pendue et un tempérament d'airain. Elle ne lâchera d'ailleurs jamais Keats, malgré les tentatives d'accaparement de l'ami – qui d'ailleurs, en contrepoint de cet amour délicat qu'il réprouve, engrosse très vulgairement sa propre servante – malgré les conseils de sa propre mère, femme intelligente qui sait que leur relation est sans espoir.
Et quand Keats tombe malade, alors qu'il est interdit de visite, Fanny inventera mille ruses pour entretenir cette relation fusionnelle et distante à la fois. Les lettres d'amour que lui adresse alors le poète resteront à jamais des modèles du genre.

Jane Campion, ce n'est pas une découverte mais ici elle est au sommet de son art, sait magnifiquement traduire les frémissements des âmes, le trouble exquis des amours interdites, la sublimation de la frustration sexuelle, le lien intime et subtil entre exaltation des sens et souffrance. Le danger était un éventuel académisme : elle évite l'écueil avec élégance, avec humour, jouant des objets, des mots, des lumières : les saisons passent, la neige tombe, le soleil revient, les fleurs s'épanouissent... Tout est beau, tout raconte la vie... Keats mourra de tuberculose à Rome en pleine jeunesse, loin de Fanny, mais si près.

Samedi 14 Septembre 2019 à 16h