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30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...

Stop Bolloré ! L'appel du collectif
Le collectif Stop Bolloré a vu le jour en décembre 2021 et rassemble des membres et des organisations de la société civile qui s’inquiètent de la concentration des médias et de l’édition en France et des dangers que cela représente pour la démocratie. Le projet du collectif, qui est poli...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°101 au n°117
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°101 au n°117   Samedi 17 avril Hier, fin N° 101. Juliette Binoche, 30 ans plus tard, et magnifique, dans un autre de ses plus beaux rôles. La musique, c’est le célébrissime Canon en ré majeur de Johann Pa...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°51 au n°100
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°51 au N°100 //////////////////////////////////////// Vendredi 26 février  Hier, fin N° 51. Saisissante. Tout comme l’est la séquence d’ouverture du film, qui montre la jungle s’enflammer sous les bombes a...

CHAMBRE 212

Écrit et réalisé par Christophe HONORÉ - France 2019 1h30mn - avec Chiara Mastroianni, Vincent Lacoste, Benjamin Biolay, Camille Cottin, Carole Bouquet...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

CHAMBRE 212À l'ombre protectrice et revendiquée de Woody Allen, Ingmar Bergman et Bertrand Blier, Christophe Honoré nous offre un merveilleux divertissement, léger et profond à la fois, qui est aussi une déclaration d'amour au cinéma, art magique par la grâce duquel tout est possible pour peu que l'on abandonne, ne serait-ce que brièvement, notre désespérante exigence de rationalité. Quel bonheur de croire, une heure trente durant, qu'il serait possible de revenir en arrière et changer le cours des choses, aimer à nouveau comme au premier jour, croiser même les morts et retrouver un peu de cette fulgurance qui nous rend furieusement vivants ! Christophe Honoré et sa bande de saltimbanques réussissent un délicieux tour de passe-passe qui vous entraînera quelque part de l'autre côté de l'arc-en ciel, à peine franchi le seuil de la chambre 212.

Sacha Guitry – auquel on pense également – y perdrait son latin : ce sont les femmes adultères qui se planquent dans les placards, revenant tout sourire au bercail sur un air de « même pas grave », fortes de leur jouissance et de cette évidence que la passion amoureuse s'étiole méchamment au fil des ans. Et ce sont les hommes qui pleurent et se lamentent, s'acharnant à espérer que d'un volcan éteint pourra rejaillir le feu. Voeu pieux ? Maria donc, enseignante très à cheval sur le suivi personnalisé de ses élèves – surtout quand ils portent un prénom sexy –, s'est fait une raison, sans dramatiser ni tirer de conclusion définitive : entre Richard et elle, après des années de vie commune, la flamme s'est étouffée, la passion s'est émoussée. Et ce soir-là, peut-être parce que Richard porte un horrible bermuda avec des chaussettes flageolant à mi-mollets, ou peut-être parce qu'elle en a assez de lui jouer la comédie légère, elle décide de prendre la tangente, et un peu de recul, pour retrouver son souffle, faire le point.
Elle traverse la rue. Pousse la porte de l'hôtel. Prends une chambre dont la fenêtre donne précisément sur son appartement, sa vie, son homme qui pleure devant sa machine à laver. Une vue idéale sur son mariage en panne pour enfin s'envisager de l'intérieur. Mais pour la réflexion en solitaire, c'est raté : voilà que la chambre d'hôtel est envahie par une foule sentimentale de protagonistes, bien décidés à s'exprimer même si on ne leur a rien demandé, à apporter leur contribution à ses réflexions intérieures, voire, pire, à lui faire moult reproches sur sa légèreté ou sa conduite passée, ses désirs de liberté qui en ont blessé plus d'un.
Au premier rang de ces intrus : Richard himself, vingt ans et vingt kilos en moins, tel qu'il était le jour où ils se sont rencontrés, puis il y a tous ses amants, et même sa mère pour les comptabiliser. Il y aussi sa conscience, qui s'est mise sur son trente et un… sans oublier Irène. Celle que Richard aurait dû épouser, son tout premier amour.

Autant dire que la nuit va être mouvementée… Comment résister au corps jeune et plein de fougue de Richard ? Comment se dépatouiller dans cette conjugaison existentielle où présent, passé et futur s'emmêlent joyeusement les pinceaux ? Mais surtout : Maria doit-elle traverser la rue en sens inverse ?
Le film avance comme dans un rêve, révélant au cœur d'un dispositif volontairement théâtral une sublime authenticité des êtres et des sentiments. Tout coule, tout est fluide, la narration et les dialogues sont ultra-rythmés, tout comme la musique (toujours en mode majeur chez Honoré). Chef d'orchestre virtuose à la tête d'une troupe de comédiens de haute volée (Chiara Mastroianni en majesté, les menant tous à la baguette), Christophe Honoré signe ici une rêverie éveillée lumineuse et c'est un enchantement.