Soutenez Utopia Palmer LA GAZETTE
(à télécharger au format PDF)

NOUS TROUVER
(et où trouver la gazette)

NOS TARIFS :
TARIF NORMAL : 8€
CARNET D'ABONNEMENT : 55€ (10 places, non nominatives, non limitées dans le temps, et valables dans tous les Utopia)
Séance sur fond gris : 5€
Moins de 18 ans : 5€

RSS Cinéma
RSS Scolaires
RSS Blog

(Quid des flux RSS ?)

EN DIRECT D'U-BLOG

Le blog des profondeurs...
(de champ)

30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...

Stop Bolloré ! L'appel du collectif
Le collectif Stop Bolloré a vu le jour en décembre 2021 et rassemble des membres et des organisations de la société civile qui s’inquiètent de la concentration des médias et de l’édition en France et des dangers que cela représente pour la démocratie. Le projet du collectif, qui est poli...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°101 au n°117
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°101 au n°117   Samedi 17 avril Hier, fin N° 101. Juliette Binoche, 30 ans plus tard, et magnifique, dans un autre de ses plus beaux rôles. La musique, c’est le célébrissime Canon en ré majeur de Johann Pa...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°51 au n°100
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°51 au N°100 //////////////////////////////////////// Vendredi 26 février  Hier, fin N° 51. Saisissante. Tout comme l’est la séquence d’ouverture du film, qui montre la jungle s’enflammer sous les bombes a...

L’AUDITION

Ina WEISSE - Allemagne 2019 1h39mn VOSTF - avec Nina Hoss, Ilja Monti, Simon Abkarian, Jens Albinus... Scénario d'Ina Weisse et Daphne Charizani.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

L’AUDITIONTenues altières, regards sévères, tout débute par une audition ordinaire dans le microcosme verrouillé d’une école de musique. Il faut pour y pénétrer démontrer sa capacité, sinon à atteindre l’excellence, du moins à l'approcher. Les professeurs reçoivent l’un après l’autre les jeunes postulants tétanisés, les interrompant sans ménagement, dès les premières mesures. Atmosphère glaciale et impitoyable pour ces filles et ces garçons qui ont travaillé des heures durant à la préparation d'un morceau qui sera rarement écouté en entier. Le moindre défaut de posture, de petit doigt, d’archet, la moindre approximation dans la justesse, dans le tempo… et c’est le couperet qui tombe, sans possibilité de rattrapage. Ici l’indulgence n’a pas plus sa place que les fausses notes. Anna Bronsky (Nina Hoss, au jeu impeccable et intense) fait partie de ce terrible comité de sélection, ses mots claquent, cinglants et définitifs, faisant encore moins de quartier que ceux de ses collègues. Quand le jeune Alexander Paraskevas entre en scène, dégingandé, mal assuré, on ne donne pas cher de sa peau. Et effectivement… Un faux pas en entraînant un autre, voilà son avenir de concertiste qui s’effondre. Contre toute attente, Anna lui sauvera la mise, malgré la désapprobation de ses collègues qui lui accorderont de justesse un sursis de quelques mois pour lui donner une chance de progresser sous sa seule houlette.

Longtemps les raisons de l’enseignante resteront mystérieuses et donc intrigantes. Pourquoi ce damoiseau la bouleverse-t-elle tant ? Est-ce dû à une ressemblance ? Avec son propre fils, Jonas ? Toujours est-il qu’à compter de cet instant, elle deviendra le seul soutien d'Alexander, indéfectiblement, tout comme elle l’est pour son propre enfant. Progressivement la jalousie grandira donc entre les deux adolescents. Le soir venu, de retour chez elle, c’est une double journée qui s’annonce, voire une triple. Anna, épuisée, épuisante, ne laisse nul répit à son entourage, aussi exigeante envers les autres qu’envers elle-même. Heureusement il y a Philippe, son compagnon (Simon Abkarian irradiant, dans l’un de ses plus beaux rôles, tout en finesse !), compréhensif et apaisant. Lui sait aimer son petit monde sans condition, en acceptant ses manques, ses échecs, son imperfection, ses refus. C’est le pilier patient et tranquille qui stabilise l’édifice et qui jamais ne menace de briser l'équilibre, même quand sa compagne regarde ailleurs. Cet ailleurs, c’est non seulement le miroir aux alouettes de la réussite, mais aussi un autre professeur, au sourire tellement lumineux, tout à fait craquant. Ensemble, sans le savoir, ils forment un trio admirable : elle tellement pleine de doutes, les deux hommes de sa vie tellement bienveillants, indulgents envers cette femme qu’ils aiment éperdument et qui cache sa souffrance sous une chape de dureté, tandis qu’ils mettent en sourdine la leur pour ne pas lui faire ombrage.
Plus la situation va se tendre, plus Anna va sembler insupportable, plus on se surprendra à la comprendre à notre tour, à lui pardonner ses défaillances, son parcours chaotique. Mais ce que les adultes réussissent à supporter laisse parfois dans les cœurs tendres des traces indélébiles…

C’est un film à la fois tendu et subtil, comme un vibrato de violon, merveilleusement interprété.
Il dépeint un monde pris en tenaille, qui n’assume pas ses défaillances, sa vulnérabilité. Les choses les plus essentielles s’y jouent en creux, par petites touches suggérées, jamais appuyées. Il évoque nos faces sombres, nos zones d’insécurité, c’est en cela qu’Anna, à la fois victime et bourreau d’elle-même et des autres, nous est si familière, touchante. Un second film d’une grande maîtrise, qui nous fait regretter de n'avoir pas pu voir le premier long métrage d'Inna Weisse, L'Architecte, resté inédit en France.