Soutenez Utopia Palmer LA GAZETTE
(à télécharger au format PDF)

NOUS TROUVER
(et où trouver la gazette)

NOS TARIFS :
TARIF NORMAL : 8€
CARNET D'ABONNEMENT : 55€ (10 places, non nominatives, non limitées dans le temps, et valables dans tous les Utopia)
Séance sur fond gris : 5€
Moins de 18 ans : 5€

RSS Cinéma
RSS Scolaires
RSS Blog

(Quid des flux RSS ?)

EN DIRECT D'U-BLOG

Le blog des profondeurs...
(de champ)

30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...

Stop Bolloré ! L'appel du collectif
Le collectif Stop Bolloré a vu le jour en décembre 2021 et rassemble des membres et des organisations de la société civile qui s’inquiètent de la concentration des médias et de l’édition en France et des dangers que cela représente pour la démocratie. Le projet du collectif, qui est poli...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°101 au n°117
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°101 au n°117   Samedi 17 avril Hier, fin N° 101. Juliette Binoche, 30 ans plus tard, et magnifique, dans un autre de ses plus beaux rôles. La musique, c’est le célébrissime Canon en ré majeur de Johann Pa...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°51 au n°100
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°51 au N°100 //////////////////////////////////////// Vendredi 26 février  Hier, fin N° 51. Saisissante. Tout comme l’est la séquence d’ouverture du film, qui montre la jungle s’enflammer sous les bombes a...

NINA WU

Midi Z - Taïwan 2019 1h43mn VOSTF - avec Ke-Xi Wu, Yu-Hua Sung, Hsia Yu-Chiao, Ming-Shuai Shih... Scénario de Ke-Xi Wu (l'actrice principale) et Midi Z.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

NINA WUSi ce film troublant est indubitablement taïwanais, par sa production, mais aussi par son habile scénario co-écrit par sa sublime actrice principale, on ne peut faire abstraction du fait que son réalisateur est d’origine birmane, issu d'une famille très pauvre. De là provient sans doute son intérêt empathique pour les minorités, les dominé-e-s de la terre. Si Midi Z ne se proclame pas féministe, son analyse, ses considérations, son positionnement à travers le point de vue de son héroïne le sont. Il met au service de ce regard féminin toute la puissance de sa mise en scène : rien n’y est superflu, tout est méticuleux, chaque distorsion du son, surexposition de l’image, saturation de couleurs sont porteuses de sens, rendent palpable l’univers intérieur de la protagoniste. Le climat rendu est anxiogène, flirte dangereusement avec une forme de paranoïa entre hyper-réalisme et fantasmes. Nous voilà submergés par les modulations intérieures de Nina, un vertigineux maelstrom qui s’agite sous son crâne, remue la vase en tous sens, l’empêchant ne serait-ce que de percevoir le fond, d’aller le toucher une fois pour toutes dans l’espoir de rebondir vers la surface. Comme elle, on rêverait d’une goulée d’air frais salutaire…

Mais commençons par le commencement, si on y parvient. Car là aussi, la construction du film est un kaléidoscope déformant qui se joue de l’espace mais principalement du temps. Nina nous apparait au début comme une jeune fille noyée dans la masse impersonnelle de la tentaculaire Taïwan. Voilà huit ans qu’elle s’obstine à devenir actrice sans parvenir à décrocher autre chose que des plans publicitaires, obligée de survivre grâce à de minables expédients. Ses repas pris en solitaire, ces éternels raviolis qu’elle avale de façon mécanique, contrastent avec la mine de blogueuse aguicheuse qu’elle affiche sur la toile.
Que ne ferait-elle pas pour émerger un peu du tas, accomplir son ascension sociale ! La tentation de baisser irrémédiablement les bras serait proche, sans cet ultime appel de son agent surnommé « Mark » – pour faire plus chic, plus occidental, plus exotique. D’ailleurs quand il lui cite les grandes actrices « libérées » dont il faudrait suivre l’exemple, ce sont des noms de stars blanches qu’il énumère. Refuseraient-elles un grand rôle au prétexte d’une scène dénudée ? Car c’est bien sûr de cela dont il est question. Il vient de trouver un casting en or pour sa protégée, un premier rôle dans une intrigue d’espionnage qui pourrait propulser sa carrière. Mais il y a une courte scène un peu osée… Bien sûr, il comprendrait que Nina refuse, le choix n’appartient qu’à elle… La messe, à demi-mots à peine déguisés, semble dite. Une ellipse plus tard, voilà Nina au milieu d’une poignée de filles toutes de rouge vêtues… L’audition débute…
C’est Nina Wu qui sera choisie. Il y a désormais un film dans le film à décortiquer. Et ce film ne nous dit rien qui vaille, il se transforme en terrible thriller psychologique, avec une ambiance émotionnelle et charnelle qui fait froid dans le dos, tandis que Nina est assaillie par de terribles cauchemars qui semblent tellement réels… Le sont-ils ?

Pour découvrir un fond de vérité dans tout cela, il faudra attendre l’ultime minute, ou se pencher sur le parcours de l'actrice Ke-Xi Wu, laquelle s’est largement inspirée de son histoire personnelle pour écrire le scénario, qui devient alors sa façon de s’exclamer #MeToo et de dénoncer un système de domination. Son héroïne est unique autant qu’elle est hybride, les autres personnages de femmes qui l’entourent – la no3 du casting (l’envahissante culpabilité) et son amoureuse et amie d’enfance (l’innocence perdue) – peuvent également être vues comme des facettes dérobées d’elle-même, les trois réunies formant un subtil triptyque, comme un miroir brisé après un choc trop violent. Il n’est pas gratuit que Chambre 1408 soit le titre d’un film produit par Harvey Weinstein…