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Stop Bolloré ! L'appel du collectif
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Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°101 au n°117   Samedi 17 avril Hier, fin N° 101. Juliette Binoche, 30 ans plus tard, et magnifique, dans un autre de ses plus beaux rôles. La musique, c’est le célébrissime Canon en ré majeur de Johann Pa...

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Samedi 22 Février 2020 à 13h45

LA CLASSE OUVRIÈRE C’EST PAS DU CINÉMA : À travers le cinéma portugais


en présence de Teresa Villaverde, la réalisatrice (sous réserve)
en collaboration avec la radio La Clé des ondes. Intervenant : Jacques Lemière, enseignant-chercheur en sociologie et anthropologie à l’Université de Lille, spécialiste du cinéma portugais et auteur de plusieurs ouvrages et articles sur le sujet

CONTRE TON COEUR

Teresa Villaverde - Portugal 2019 2h16mn VOSTF - avec Alice Albergaria Borges, João Pedro Vaz, Beatriz Batarda, Clara Jost, Tomás Gomes...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

CONTRE TON COEUROn commençait à avoir l’habitude d’attendre du cinéma portugais des films excentriques ou radicaux. Et voilà qu’une cinéaste arrive, en un portrait de famille déchirée par la crise, à trouver une issue bien plus lumineuse et étonnante. C’est une joie de retrouver Teresa Villaverde, auteure, entre autres, de deux films auréolés d’un certain prestige dans le circuit cinéphile (Os Mutantes en 1988, et Transe en 2006), qui ont fini par tomber un peu dans l’oubli, éclipsés par Pedro Costa dans le panorama international. Loin des formules qui ont fait le succès de ce cinéma portugais des dernières décennies, Villaverde tente ici quelque chose de finalement bien plus courageux : partir d’une ambiance et de personnages absolument reconnaissables et conventionnels pour atteindre finalement quelque chose de brumeux et mystérieux.

Contre ton cœur pourrait passer (à tort) pour un film de plus sur la crise portugaise mais ses ambitions sont bien plus grandes. Il ne s’agit plus ici de morts-vivants, ni de spectres, ni d’un revers fantasmatique de la triste réalité épuisée des quartiers pauvres, mais au contraire, de revenir à des structures plus concrètes pour ensuite transmettre une certaine idée du mouvement qui se crée dans un pays, dans une famille, au moment où plus rien ne semble tenir debout. Voilà le grand sujet du film : comment recommencer ? Et Villaverde l’aborde de la façon la plus simple et claire possible, en une succession de persécutions et de fuites des trois personnages principaux (la mère, la fille, le père), qui s’échinent à disparaître, toujours à un centimètre près de la catastrophe, du saut dans le vide, à l’image de la meilleure amie de la jeune héroïne qui grimpe, enceinte et désespérée, sur le rebord d’un toit. Ce que Villaverde décrit ici ressemble à une ruche abandonnée, comme un film normal dont il ne resterait que des figurants passés au premier plan presque sans le vouloir. Et la ville qu’ils parcourent ne semble être que l’espace d’un déséquilibre, où le lien qui relie les personnages se fragilise sans cesse. Une solitude seulement brisée par des dialogues banals (« Je reviens tout de suite », « J’ai rendez-vous avec ton père », « Marta n’est toujours pas rentrée ? ») qui ne semblent être prononcés que pour vérifier qu’il reste toujours bien quelqu’un pour les entendre.

Conclure que pour Villaverde, une crise est une bonne occasion de se réinventer semblerait donc prématuré. Son discours ressemble plutôt à quelque chose comme : « Tant qu’il y aura une petite fenêtre ouverte par laquelle sortir de soi et se projeter dans l’autre, il y aura de l’espoir. » Et cela résonne comme un écho d’une ancienne utopie, celle du cinéma classique. Quand, pour cause de factures impayées, on coupe l’électricité chez les protagonistes, et que même la belle lumière du film (signée Acácio de Almeida) disparaîtra et que la nuit prendra le contrôle du film, cela semble offrir la possibilité d’être perçu autrement, comme un retour à l’enfance et aux campings de vacances. Voilà ce que tente Villaverde avec son film : nous rappeler qu’on peut toujours définir de nouvelles frontières. D’où ce désir de fuite, de changement, de transformation auquel ces êtres solitaires s’accrochent comme à une promesse.

(Alfonso Crespo, Sofilm)