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30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...

Stop Bolloré ! L'appel du collectif
Le collectif Stop Bolloré a vu le jour en décembre 2021 et rassemble des membres et des organisations de la société civile qui s’inquiètent de la concentration des médias et de l’édition en France et des dangers que cela représente pour la démocratie. Le projet du collectif, qui est poli...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°101 au n°117
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°101 au n°117   Samedi 17 avril Hier, fin N° 101. Juliette Binoche, 30 ans plus tard, et magnifique, dans un autre de ses plus beaux rôles. La musique, c’est le célébrissime Canon en ré majeur de Johann Pa...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°51 au n°100
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°51 au N°100 //////////////////////////////////////// Vendredi 26 février  Hier, fin N° 51. Saisissante. Tout comme l’est la séquence d’ouverture du film, qui montre la jungle s’enflammer sous les bombes a...

LA NUIT DU 12

Dominik MOLL - France 2022 1h55mn - avec Bastien Bouillon, Bouli Lanners, Anouk Grinberg, Théo Cholbi, Mouna Soualem... Scénario de Gilles Marchand et Dominik Moll, inspiré du livre de Pauline Guéna, 18.3 – Une année à la PJ.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

LA NUIT DU 12Ne pas connaitre la vérité. Risquer de ne jamais la connaître. C’est comme un poison qui s’immisce dans les pensées, dans les rêves. Une addiction larvée qui ronge de l’intérieur. « Chaque enquêteur tombe un jour sur un crime qui fait plus mal que les autres, qui, pour une raison mystérieuse, se plante en lui comme une écharde, et la plaie n’en finit pas de s’infecter. ». C’est cette phrase qui plane sur cette nuit du 12, à jamais suspendue, entêtante avec ses parts de mystères non élucidées. Un « cold case » comme les appellent les Américains, une enquête frustrante qui ne permet pas de mettre la main sur « le » coupable. Nous tenir en haleine en annonçant d’emblée que l’affaire ne sera pas résolue, c’est tout le pari audacieux et réussi de Dominik Moll. À l’instar des protagonistes et contre toute attente, on se met à espérer un dénouement, à guetter, spéculer, scruter les indices pour transformer notre intime conviction en preuves tangibles.

Premières images ? Dans une luminosité entre chien et loup, un cycliste seul sur une piste tourne en rond comme son enquête… Yohann (subtilement interprété par Bastien Bouillon) est un flic sportif et svelte qui a l’élégance de ne pas rouler des mécaniques, celle de se mettre à l’écoute, de se remettre en question.
Deuxième scène, une jeune femme marche sans crainte sous la lune tranquille d’un quartier pavillonnaire paisible après avoir quitté sagement ses copines pour rentrer se coucher. Clara envoie un dernier selfie à sa meilleure copine Nanie pour lui dire combien elle l’aime ; heureuse de l’avoir à ses côtés. Nul ne sait ni le jour ni l’heure… L’action se situe quelque part dans la photogénique vallée de la Maurienne, au climax tiraillé entre paysages montagneux et industriels, stations de skis, barres d’immeubles et résidences coquettes. Après coup, on saura que c’est la nuit du 12 que Clara a été assassinée. Le lendemain ce sera le branle-bas de combat, zone cernée par la gendarmerie locale puis par la PJ de Grenoble, mise d’emblée sur l’enquête par peur qu’elle piétine. Et pour piétiner, elle piétinera…

Banalité du mal, banalité des préjugés chez certains mâles, même ceux du côté lumineux de la force, qui, quelle que soit la violence d’un féminicide, ne peuvent s’empêcher de faire une enquête de moralité à charge contre la victime. Sa tenue ce soir-là n’était-elle pas aussi légère que ses mœurs, une sorte de pousse au crime ? Cela va devenir une vertigineuse mise en abyme, une enquête sur les démons intérieurs de notre société, une affaire qui va irrémédiablement hanter Yohann et son acolyte Martial, un grand « sentimental » comme l’appellent ses collègues. Et qui d’autre aurait pu mieux incarner ce personnage traversé de doutes, d’un irrépressible courant de compassion et de révolte rentrées que l’extraordinaire Bouli Lanners ? Pourtant, malgré l’acharnement de ce duo particulièrement motivé et tenace, nulle piste sérieuse ne semble se dégager. Le doute s’immisce, la frustration de la lourdeur institutionnelle, de ses paperasses, le besoin de décompresser à coup de blagues potaches… Nous voilà en immersion dans le microcosme policier, brut de décoffrage… Et progressivement une question affleure : et si l’enquête initiale avait été conduite par un regard de femme, cela aurait-il changé le cours des choses et amené un autre dénouement ? La présence des grandes absentes de l’histoire s’impose progressivement…
Nourri de toutes ces mises en perspective, de toutes ces interrogations, La Nuit du 12 s’impose comme un thriller passionnant, profondément humain et lucide.