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30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...

Stop Bolloré ! L'appel du collectif
Le collectif Stop Bolloré a vu le jour en décembre 2021 et rassemble des membres et des organisations de la société civile qui s’inquiètent de la concentration des médias et de l’édition en France et des dangers que cela représente pour la démocratie. Le projet du collectif, qui est poli...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°101 au n°117
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°101 au n°117   Samedi 17 avril Hier, fin N° 101. Juliette Binoche, 30 ans plus tard, et magnifique, dans un autre de ses plus beaux rôles. La musique, c’est le célébrissime Canon en ré majeur de Johann Pa...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°51 au n°100
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°51 au N°100 //////////////////////////////////////// Vendredi 26 février  Hier, fin N° 51. Saisissante. Tout comme l’est la séquence d’ouverture du film, qui montre la jungle s’enflammer sous les bombes a...

LE PRINCE

Lisa BIERWITH - Allemagne 2021 2h05mn VOSTF - avec Ursula Strauss, Passi Balende, Nsumbo Tango Samuel, Victoria Trauttmansdorff, Alex Brendenmühl... Scénario de Lisa Bierwith et Hannes Held.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

LE PRINCEUn couple hors du commun n’est-il pas immanquablement un couple qui défie les normes ? Celui que forme Monika et Joseph est d’autant plus étincelant qu’il n’aurait sans doute jamais dû exister. Monika est une célibataire quarantenaire, commissaire d’exposition dans un musée d’art contemporain de Francfort. Joseph est un mystérieux homme d’affaires congolais qui fréquente les bars d’immigrés clandestins. Rien, a priori, ne les unit. Jusqu’au soir où Monika entre dans un ces des bistrots, en quête d’un paquet de cigarettes pour consumer les contrariétés d’une longue journée de travail. Et la voilà en un rien de temps prise dans une descente de police. Fuir ou se cacher : les habitués du bar y sont aguerris. Pas Monika, que Joseph entraîne se planquer dans le local poubelles attenant : endroit idéal, vous en conviendrez, pour une rencontre… D’emblée, le film revendique son ton : pas de coup de foudre ici, pas de bluette sentimentale non plus. Plutôt un mélodrame mental et retenu où deux êtres que tout éloigne vont s’éprendre lentement, mettant au défi les préjugés de la société ainsi que leurs propres méfiances respectives.

La situation inaugurale du film évoque inévitablement Tous les autres s’appellent Ali, l’un des plus illustres films de Rainer W. Fassbinder. Près de cinquante ans après, Le Prince représente en quelque sorte une poursuite de l’analyse que Fassbinder y faisait d’une société allemande intolérante à l’amour pourtant évident entre une veuve allemande blanche et un jeune marocain. Dans le film de Lisa Bierwirth, la veuve est devenue une femme moderne arpentant les cercles supposés très ouverts du milieu de l’art. Le jeune Marocain est un Congolais au business souterrain (autant dire suspect aux yeux des occidentaux) et au charme palpable. Bien que les difficultés rencontrées par les immigrés n’aient pas beaucoup évolué, la société qui nous est présentée ici n’est plus celle des années 70. Le racisme ostensible décrit par Fassbinder laisse place à des rémanences beaucoup moins visibles mais tout aussi insidieuses. Et c’est tout l’intérêt du point de vue adopté par ce premier film prometteur : aller sonder au sein du couple et dans son entourage la persistance d’un héritage qui fausse la perception de l’autre, aller traquer l’existence d’un sentiment de défiance que Monika et Joseph devront affronter pour s’aimer pleinement.

Ce sera l’occasion pour Monika de passer au crible sa position de femme blanche issue du monde libéral. D’autant que professionnellement, elle se trouve à une période charnière : elle vient d’apprendre que son supérieur et compagnon de route quitte soudainement le musée où elle travaille, la laissant dans une position délicate vis-à-vis de sa hiérarchie. Quant à Joseph, homme de prestance que ses amis appellent « le prince », il dit être propriétaire au Congo d’une mine de diamants que sa clandestinité empêche d’importer légalement. Joseph a appris à contourner les règles pour tracer son chemin, refuse viscéralement de dépendre de qui que ce soit pour ne pas, selon ses termes, se sentir « colonisé ». Entre Monika et Joseph, pas de jugement, pas de question d’argent mais du respect et de l’intégrité. Alors que leur relation gagne progressivement en assurance, Joseph doit faire face à une mauvaise passe. Lorsque Monika plonge tout entière à son secours, son entourage la met en garde. Le doute est là, il vient de loin. Le Prince est un film subtil et perspicace sur un couple avide de liberté, aux prises avec des antagonismes anciens qui le submergent.