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30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...

Stop Bolloré ! L'appel du collectif
Le collectif Stop Bolloré a vu le jour en décembre 2021 et rassemble des membres et des organisations de la société civile qui s’inquiètent de la concentration des médias et de l’édition en France et des dangers que cela représente pour la démocratie. Le projet du collectif, qui est poli...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°101 au n°117
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°101 au n°117   Samedi 17 avril Hier, fin N° 101. Juliette Binoche, 30 ans plus tard, et magnifique, dans un autre de ses plus beaux rôles. La musique, c’est le célébrissime Canon en ré majeur de Johann Pa...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°51 au n°100
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°51 au N°100 //////////////////////////////////////// Vendredi 26 février  Hier, fin N° 51. Saisissante. Tout comme l’est la séquence d’ouverture du film, qui montre la jungle s’enflammer sous les bombes a...

Mardi 17 JANVIER 2023 à 20h15

MAESTRA #7


Projection suivie d’un échange avec Pierre Guidez, programmateur au Fifib
In mardi par mois, Maestra met à l’honneur une réalisatrice. Un cycle de programmation pour découvrir toute la richesse de notre matrimoine cinématographique mondial et mettre en lumière des cinéastes bien trop souvent effacées du récit historique.

PEAUX DE VACHES

Écrit et réalisé par Patricia MAZUY - France 1989 1h27mn - avec Sandrine Bonnaire, Jean-François Stévenin, Jacques Spiesser, Salomé Stévenin, Laure Duthilleul...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

PEAUX DE VACHESCe que le cinéma français compte de plus précieux est moins à trouver dans sa tradition que dans sa capacité à produire des objets à part, des comètes vouées à ne traverser son ciel qu’une seule fois. Ce fut le cas pour Peaux de vaches, premier long-métrage tourné par Patricia Mazuy, une jeune femme de 28 ans, sorti en 1989 dans une relative indifférence, resté quasiment invisible pendant trente-deux ans. Une belle restauration le ramène sur les écrans. Il ne faut pas le rater, le recul n’ayant fait que renforcer sa nouveauté, sa posture revêche, sa promesse encore vive. Jamais, en tout cas, n’avait-on vu la campagne française filmée avec une telle poigne, des personnages dotés d’une telle capacité de folie. Il n’y a qu’à entendre, dès son titre, comment le film se lâche comme une interjection, un juron, pour saisir sa beauté hirsute, bourrue, toute en coups de sang.

La première scène donne le ton. Deux frères, Roland et Gérard, ronds comme des queues de pelle, mettent le feu à la ferme familiale en faisant flamber des crêpes, brûlant au passage tout un cheptel bovin, ainsi qu’un vagabond venu s’abriter là. Le premier en prend pour dix ans. À son retour, il constate que son frère en a profité pour rénover sa vie de fond en comble. Désormais propriétaire d’une exploitation flambant neuve et d’une rutilante moissonneuse-batteuse, il a également épousé la belle Annie et eu avec elle une petite fille, Anna. Le repris de justice s’installe parmi eux et ne tarde pas à susciter l’hostilité frontale d’Annie, regard perçant et sourcils froncés, et la méfiance de Gérard, fébrile. Il y a bien entre les deux frères un non-dit qui devient de plus en plus insistant.
Plus qu’au drame paysan, c’est à un terme classique du western que Mazuy emprunte ici son argument : un homme revient d’un long bannissement, et reste auprès des siens le temps de constater à quel point chacun s’était finalement accommodé de son absence. La réalisatrice resitue ce récit dans les plaines à perte de vue et sous les ciels bas du nord de la France, au sein d’une petite localité circonscrite entre le parvis de l’église et le snack du coin, perdue dans le tissu des routes départementales. L’empreinte locale, les notations précises, ainsi qu’une fine étude de caractères (de l’agriculteur en déroute jusqu’à la jeune femme prisonnière de son mariage) n’entrent jamais en contradiction avec la tentation mythologique qui flotte sur chaque scène. A tout moment, il est offert aux personnages la possibilité de se révéler plus grands ou plus terribles que ne le voudraient leurs archétypes.

Ce qui frappe, c’est la mise en scène : tranchante, rêche, surprenante, elle électrise les situations et se résout en une magnifique suite d’élans humains… Peu à peu, l’objet du film se précise : l’éclosion d’un sentiment que personne n’avait vu venir, comme une fleur sur un tas de fumier. Ce geste d’amour pur, maturé lentement dans les marges et les soubassements du récit porte un nom : la poésie, la grande, tout simplement.

(M. Macheret, Le Monde)