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DANTZA

Film dansé de Telmo ESNAL - Espagne (Pays Basque) 2019 1h38mn - avec Gari Otamendi, Amaia Irigoyen, Ainara Ranera, Joseba Astarbe... Musique de Pascal Gaigne, Marian Arregi et Mikel Urbeltz.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

DANTZAInutile d’amener vos binocles pour lire les sous-titres : il n’y en a pas. Aucun dialogue, c'est la danse qui parle, qui raconte. Une fois la salle plongée dans son intime obscurité, il n’y a plus qu’à se laisser envahir par la beauté des paysages, des pierres porteuses d’histoire, magnifiquement filmés (la photographie de Javier Agirre Erauso est absolument somptueuse !), par la précision des gestes, par les rythmes organiques de la musique. Le voyage qui s’annonce est avant tout sensoriel, mené par des danseurs infatigables qui nous entraînent dans leurs sarabandes. Il y a celles avec des ceintures ou des rubans, celles plus guerrières avec épées et boucliers, celles majestueuses qui se jouent au flambeau ou gambillent dans l’eau. Ces chorégraphies ancestrales, aussi basiques puissent-elles sembler, recèlent leur lot de significations. Elles nous racontent les cycles de la vie, du travail des êtres, semis, moissons, des cordons que l’on coupe, mort et naissance. Il y a derrière chaque gestuelle une symbolique transversale à toutes les cultures, à tous les humains. Quand bien même l’avons-nous oubliée, maltraitée comme si elle était trop naïve, comme si elle ne faisait pas partie de nos racines partagées.
Si, par définition, un film est un objet collectif, pluridisciplinaire, celui-ci l’est plus que tout autre. Dantza est une conversation entre plusieurs arts : la danse et la musique bien sûr, mais également la sculpture, grâce à la patte de Koldobika Jauregi, qui en a conçu l’univers esthétique : costumes, maquillages, accessoires, décors, jeux de lumières et de clairs obscurs féériques… Chaque prise de vue, chaque scène tisse une alliance entre présent et passé, mêle inextricablement langage expérimental et ancestral. Progressivement, au gré de scènes hypnotiques, le film convoque une forme de mythologie réinventée, qui répand une atmosphère terriblement poétique et singulière.

À partir de là que dire de l’histoire indicible ? Elle démarre sur une terre aride, dans un désert de poussière et de rocailles. Là, une horde d’hommes creusent, bêchent, inlassablement. Le ciel s’assombrit soudain. L’orage éclate, spectaculaire, faisant fuir les humains. C’est une autre danse qui enchaîne alors, celle de la pluie généreuse, celle des graines qui germent. Un arbre poussera ici plus tard, aux allures de totem. Progressivement il se chargera de fruits, que l’on foulera pour les transformer en cidre, puis en ivresse. De nouvelles figures se rallieront aux premières, créant une foule toujours plus bigarrée. Faire la fête, se désinhiber, s’aimer, la vie ne semble soudain pas plus compliquée que ça : des humains qui se frôlent, font courbette, se séduisent, se tiennent par la main…
Ce film ambitieux est l’aboutissement d’un travail de longue haleine. Il aura fallu sept ans de recherche, de mise en forme, l’intervention de multiples techniciens de cinéma, de 250 danseurs et danseuses âgés de 8 à 82 ans… Une surabondance que le réalisateur Telmo Esnal orchestre avec brio. Une grande partie de la richesse de l’œuvre provient également de la chorégraphie imaginée par Juan Antonio Urbeltz, éminent chercheur folkloriste multi-primé internationalement, de sa connaissance pointue des traditions qu’il distille entre deux entrechats.

Le tout aboutit à un objet aussi atypique qu’insolite, qui irradie une jubilation communicative. En filigrane on peut y voir un hommage à la danse, basque ou pas, populaire en tous cas, telle qu’elle était avant de monter sur les planches des grandes scènes : un art premier, accessible à tous.