UTOPIA SAINTE BERNADETTE
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SÉANCES BÉBÉS
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À LA VIE À LA MORT
Quelle joie de se retrouver sous les étoiles hier à Berat, en Haute-Garonne!Expo, rencontre et ciné avec Nevada. Quel bonheur.Déjà 200 personnes pour les prémisses d’un nouveau lieu vivant et pluridisciplinaire co animé par les habitants. Ce sont les premières festivités de l’été d’Utopia et du ...

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HORS NORMES

Écrit et réalisé par Eric TOLEDANO et Olivier NAKACHE - France 2019 1h54mn - avec Reda Kateb, Vincent Cassel, Hélène Vincent, Bryan Mialoundama, Alba Ivanov, Catherine Mouchet...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

HORS NORMES« Ces jeunes-là, personne n’en veut ». Ils sont « hors normes ». On les transbahute d’hôpital en hébergement médicalisé, on les balade de service psychiatrique en centre social. Les institutions dûment agréées par l’État se les refilent comme des patates chaudes, filtrant au passage ceux qui leur paraissent les plus gérables, les moins handicapés par leur pathologie, ceux dont ils peuvent espérer contrebalancer les déficiences. Mais les autres ? Pour les autistes diagnostiqués « lourds », rien n’est prévu – de fait, personne n’en veut. Ils sont la mauvaise conscience de la société, qui se détourne ostensiblement des enfants, de leurs parents, des soignants…
Les héros du film n’en sont évidemment pas. « Hors normes » suit l’action de deux bonshommes qui, sans cape de Batman ni collants fluo, font basiquement ce que leur conscience leur ordonne. Deux hommes simplement pétris d’humanité, prêts à tout donner, de leur temps, de leur énergie, de leur personne, pour que les derniers des laissés-pour-compte aient un lit, un accueil, une écoute, le minimum vital d’attention. Parce qu’il y a ces gamins autistes, dont personne ne veut et dont il faut bien, en définitive, que quelqu’un s’occupe. Parce qu’il y a ces autres gamins, qui viennent généralement d’au-delà du périph’, stigmatisés, racisés dit-on aujourd’hui, dont personne ne veut non plus d’ailleurs et qui s’imaginent condamnés à dealer et traîner leur inutilité sociale de leur lit à Pôle emploi. Au milieu de ce bazar, il y a donc Stéphane et Daoud. Aussi dissemblables que possible, chacun s’affairant dans une communauté dont on voudrait à toute force nous convaincre qu’elle serait antagoniste de l’autre (le film nous montrera évidemment qu’il n’en est rien, mais qui en aurait douté ?). L’un, Stéphane, est vieux garçon, juif pratiquant, et son célibat est comme le rocher sur lequel viennent inexorablement s’échouer les trésors d’inventivité que déploient les marieuses de son entourage pour lui trouver une âme sœur, quitte à écumer inlassablement les communautés juives des quatre coins de l’Hexagone. L’autre, Daoud, est musulman, mari et père aimant, d’une banalité exemplaire, plutôt bon vivant et rame pour trouver ne serait-ce qu’un peu de temps à consacrer à sa famille.

Daoud est le fondateur et la cheville ouvrière de l’association « Le Relais IDF », qui forme des jeunes des quartiers populaires à devenir accompagnants sociaux, et tente en parallèle de resocialiser par le travail ou les sorties en ville les autistes difficiles, qu’on garde en général enfermés dans des structures hospitalières. Stéphane, lui, serait sans doute enclin à convoler avec les charmantes demoiselles que des âmes charitables lui présentent, s’il n’était pas de jour comme de nuit accaparé par « Le Silence des Justes », l’association qu’il tient à bout de bras, consacrée à l’accueil inconditionnel des jeunes autistes, y compris les cas les plus difficiles.
Deux hommes, deux engagements pour la même urgence, la même humanité, qui se côtoient, se suivent, s’épaulent, intimement convaincus de la nécessité et de la puissance de l’action collective. Au-delà de leur portrait, c’est tout le petit peuple des travailleurs sociaux, des jeunes en rupture de banlieue, des autistes relégués au fin fond de l’indifférence des pouvoirs publics, que la caméra chaleureuse et bienveillante de Nakache et Toledano enveloppe dans le grand mouvement du film choral teinté d’humour qui, de Samba au Sens de la fête, reste leur meilleure marque de fabrique. Ils mettent en musique avec ampleur et générosité la difficulté d’être différent, d’être ostracisé, et prennent doucement le spectateur par la main pour affronter son propre regard sur le handicap. Sans une once de niaiserie ni de condescendance, mais en privilégiant toujours dans les hommes ce qu’ils ont de meilleur. On en sort ému, ragaillardi, et, concernant la place faite aux enfants autistes, la colère prête à exploser.