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30237
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À LA VIE À LA MORT
Quelle joie de se retrouver sous les étoiles hier à Berat, en Haute-Garonne!Expo, rencontre et ciné avec Nevada. Quel bonheur.Déjà 200 personnes pour les prémisses d’un nouveau lieu vivant et pluridisciplinaire co animé par les habitants. Ce sont les premières festivités de l’été d’Utopia et du ...

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TOUT SIMPLEMENT NOIR

Jean-Pascal ZADI et John WAX - France 2020 1h30mn - avec Jean-Pascal Zadi, Fary, Caroline Anglade, et dans leur propre rôle : Claudia Tagbo, Eric Judor, Soprano, Joey Starr, Lucien Jean-Baptiste, Fabrice Eboué, Vikash Dhorasoo, mais aussi Mathieu Kassovitz, Ramzy et Melha Bedia, Jonathan Cohen... Scénario de Kamel Guemra et Jean-Pascal Zadi.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

TOUT SIMPLEMENT NOIR« Il faut rire de tout. C’est extrêmement important. C’est la seule humaine façon de friser la lucidité sans tomber dedans. » (Pierre Desproges)
« Quand vous entendez dire du mal des Juifs, dressez l’oreille, on parle de vous. » (Frantz Fanon)

Quand cette comédie joyeusement iconoclaste a été écrite puis tournée, le malheureux Georges Floyd était un père de famille bien vivant, et les mobilisations légitimes autour des violences policières et des discriminations racistes n’avaient pas encore eu lieu. Tout simplement Noir, dont le titre évoque un groupe de rap français oublié des années 90, mais ironise aussi sur l’hypocrisie du terme Black, arrive donc à point nommé… Ou pas, tant ce film gratte où ça fait mal en renvoyant parfois dos à dos, avec une géniale ironie, les problématiques raciales ou communautaires, et fera sûrement grincer quelques dentitions de tous bords.



Pour faire court, on pourrait définir Zadi comme une espèce de Desproges noir qui rigole de tout ce dont les gens honnêtes ne rient pas (notamment le racisme et l’esclavage, mais aussi le féminisme), Desproges étant lui, à son époque, capable dans l’esprit Hara Kiri, de se gausser de la Shoah, des handicapés, ou des crimes les plus atroces. Mais ça c’était avant.
Dans un autre genre, Zadi, du moins son personnage, c’est aussi un peu Pierre Richard, le grand dadais gaffeur né, qui transforme n’importe quelle situation pourtant bien engagée en catastrophe totale, notamment dans une scène incroyable avec Claudia Tagbo.
Zadi incarne donc JP, un acteur un peu loser qui décide devant les yeux de sa petite famille mi-attendrie mi-inquiète de se lancer dans l’organisation d’une marche de contestation noire de noire (qu’il prévoit même initialement de ne réserver qu’aux hommes noirs), pour laquelle il espère le soutien de toutes les personnalités noires emblématiques des médias, de la culture ou du sport. Va donc commencer un long chemin semé d’embûches à la rencontre des VIP les plus diverses : Claudia Tagbo, Eric Judor, Joey Starr, Lilian Thuram, Soprano… qui pourraient devenir des locomotives pour sa marche.
Dans cette fiction documentée ou ce faux documentaire bidoné et bidonnant, en dehors de trois acteurs (Jean-Pascal Zadi, Caroline Anglade et l’humoriste Fary), chaque personnalité joue son propre rôle en poussant pour notre plus grand plaisir vers l’auto-caricature. Et le scénario interroge toutes les contradictions liées à la contestation noire : qu’est ce qui définit un Noir ? Vous aurez peut-être la réponse au terme d’une discussion ubuesque entre Joey Starr et l’ex-footballer Vikash Dhorasoo, désormais lancé en politique. Un Antillais et un homme d’origine africaine ont-ils la même conscience de la mémoire de l’esclavage ? Une scène ubuesque qui dégénère crescendo entre Fabrice Eboué réalisateur de Case départ et Lucien Jean-Baptiste, réalisateur de La Première étoile, est édifiante pour ça.
Les belles idées de l’antiracisme ne deviennent-elles pas aussi des clichés ? C’est l’occasion d’une séquence formidablement cruelle avec Mathieu Kassovitz qui prépare un film sur les crimes de Léopold au Congo et qui cherche un Africain « authentique ». Sont égratignés au passage les VIP qui font de l’antiracisme un outil marketing.

Au-delà de la farce, Jean-Pascal Zadi, sans oublier de rappeler l’évidence des discriminations raciales présentes en France et des violences policières à travers une scène de bavure flagrante, pose toutes les questions qui fâchent sans apporter forcément les réponses et sans tenter d’imposer une quelconque morale, mais plutôt en incitant chacun, quelque-soit son parcours et son profil ethnique, racial, culturel, à construire librement sa propre identité.