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IBRAHIM

Samir GUESMI - France 2019 1h19mn - avec Abdel Bendaher, Samir Guesmi, Rabah Naït Oufella, Luàna Bajrami, Philippe Rebbot... Scénario de Samir Guesmi et Camille Lugan. Festival du Film Francophone d’Angoulême : Meilleur film, Meilleur réalisateur, Meilleur scénario, Meilleure musique. Musique originale de Raphaël Eligoulachvili.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

IBRAHIMIl y a dans Ibrahim tout ce qu’on aime au cinéma. De l’intelligence, de la modestie, une grande finesse d’écriture et de mise en scène, beaucoup de générosité et de bienveillance pour mettre en lumière des personnages invisibles, généralement cantonnés aux arrière-plans du cinéma français. On connaît bien sûr Samir Guesmi comédien, qu’on a aimé dans les films de Solveig Anspach, Arnaud Desplechin, Valérie Donzelli, Bruno Podalydès, Noémie Lvovsky… S’il se nourrit de ce cinéma libre et éternellement juvénile, Ibrahim, tout en délicatesse et en subtilité, témoigne également de la personnalité forte de Samir Guesmi réalisateur.



Seize, dix-sept ans au compteur, Ibrahim est un grand échalas taiseux, qui promène au lycée technique sa dégaine d’ado, tee-shirt délavé siglé « I love NY », chapka fourrée vissée sur le crâne. Sans faire d’étincelles, sans problème majeur non plus. Il traîne parfois avec Achille, l’ami nettement moins assidu en cours, avec qui, sans faire dans la grande délinquance, il partage les gains de menus larcins, petites embrouilles, qui ne semblent pas porter à conséquence. Surtout, ce qui lui plaît vraiment, à Ibrahim, c’est le foot. Il a même des facilités, qui ne demandent qu’à éclore – il se verrait bien un destin de superstar du ballon rond. Côté famille, Ibrahim vit seul avec son père Ahmed, écailler devant une belle brasserie parisienne. Pas causant non plus, Ahmed : il exprime peu ses sentiments. Pourtant, on sent bien que ce gosse, c’est toute sa vie – une vie que par bribes on devine difficile, cabossée, mais dont il espère encore tirer de belles choses. Il y a son fils, bien sûr. Et puis, secrètement, le rêve, accessible, d’une promotion sociale : passer de l’éventaire d’écailler au service en salle dans la brasserie. La place lui est promise, à condition que lui, le pauvre, l’édenté, se fasse arranger le clavier, poser une prothèse dentaire qui le rende présentable à la clientèle. Et on devine qu’il a fallu en ouvrir, des huîtres, pour économiser euro après euro le petit pactole qui doit lui ouvrir les portes de la salle : c’est imminent, l’empreinte est prise, la prothèse fabriquée. Sauf qu’Ibrahim, ce couillon de fils, se fait pincer lors d’une tentative de vol avec Achille. Et qu’il y a un peu de casse à rembourser pour éviter la plainte. Alors Ahmed signe d’un trait, en même temps que le chèque qui absout son fils, l’anéantissement d’années d’efforts. Honteux et confus, même si un peu tard (comme le corbeau de la fable), l’ado va tenter, maladroitement, mais avec ténacité, et par tous les moyens mis à sa disposition – donc pas seulement les plus légaux – de réparer sa faute, mais surtout de reconquérir le cœur de son père. Accompagné tantôt par Achille, moins inconséquent qu’il ne semblait, tantôt par une certaine Louisa…

Rien de démonstratif dans ce récit d’apprentissage ou de réapprentissage d’amour filial, rien d’appuyé. Au contraire, Samir Guesmi use d’une denrée rarissime dans le cinéma contemporain : la retenue, le non-dit, l’économie de moyens. Que de l’essentiel. Pas une phrase de dialogue qui soit là pour surligner ce qu’on a déjà compris depuis longtemps. Samir Guesmi fait simplement confiance à l’intelligence du spectateur – et, parole ! - Pas besoin de sortir de Sciences Po pour saisir, par quelques détails, un regard en coin, un cendrier qui déborde, le temps qui passe et les sentiments partagés des personnages. Ibrahim, magnifiquement interprété par Abdel Bendaher dont ce sont les premiers pas devant une caméra, tout en sensibilité retenue, est le magnifique portrait d’un gamin qui éclot dans la grisaille parisienne – et en définitive un film lumineux comme une promesse.