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L’ÉPOQUE

Matthieu BAREYRE - documentaire France 2018 1h30mn - Scénario de Matthieu Bareyre et Sophia Collet.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

L’ÉPOQUELe projet du film remonte au lendemain de l’attentat contre Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015. Matthieu Bareyre a senti que plus rien ne serait pareil, et la petite aiguille des libertés individuelles n’a pas tardé à s’affoler. En témoigne l’interdiction, après les nouveaux attentats intervenus à Paris le 13 novembre, de la Marche mondiale pour le climat, fin novembre 2015, à la veille de la Conférence des Nations unies sur le climat (COP21) – « l’urgence, c’est le climat », lit-on sur une banderole dans le film.
L’Époque a une image libre et une palette aux couleurs du temps. Le rouge fumigène et le bleu gyrophare éclairent la nuit et se mêlent aux projecteurs tricolores de la place de la République. Soudain, le reflet de la statue se brouille dans une flaque d’eau. C’est dans ce nuancier qu’apparaît Rose, dès les premiers plans. Dans son écharpe fuchsia, la jeune femme noire est la Marianne en colère, l’interprète érudite de l’époque qui reviendra hanter l’image. Dans un conte, on dirait que Rose a passé tellement de temps place de la République qu’elle en a pris les couleurs. De là viendrait son prénom, savant mélange de rouge et de bleu. Dans la vraie vie, le réalisateur a mis du temps avant de trouver ce personnage qui incarne, dit-il, « un idéal de liberté ».

Aventureux, poétique, chorégraphique dans son montage, L’Époque met toutes les paroles à égalité : la jeune DJ Soall est prête à aller au bout de la terre pour le « son » ; l’étudiant en école de commerce, Arthur, a renoncé à ses « rêves » d’études dans « le social et la philo », sur les conseils de ses parents. Car, plus tard, il espère offrir « une belle éducation » à ses enfants. Ce « plus tard » vient télescoper le « ici et maintenant ». Beaucoup de jeunes explorent cette question : vu le contexte, est-il préférable d’étudier ou d’aller dans la rue ? Qui sont les sages et les irresponsables ? Solenne, Coraline, Alesk, Tamalou, Jordi, Melchior... livrent une parole rare, tandis que le film capte des fragments, les murs de la capitale et ses jeux de mots, les affiches publicitaires et leurs slogans. Une autre carte postale de Paris, la ville la plus visitée au monde.
La grande force du film est de ne pas prendre position. Il y a cette brillante étudiante en philo, dont on devine qu’elle a intégré une grande école. Elle raconte comment les violences policières, au printemps 2016, pendant les manifestations contre la loi Travail de l’ancienne ministre Myriam El Khomri, l’ont ébranlée et catapultée dans la rue : « Avoir un bon travail est quelque chose qui a perdu de l’importance », dit la jeune femme dont on n’entend que la voix – les autres personnages parlent à visage découvert. Car elle a rejoint les black blocs et parle de son addiction aux affrontements.
De l’autre côté du périphérique, dans le 93, deux jeunes Françaises originaires d’Afrique estiment qu’il ne sert à rien de casser : mieux vaut aller à la bibliothèque, apprendre notre histoire, disent-elles. Ainsi, « on sera moins frustrées quand on sera confrontées à un facho ». Rose réapparaît pour dire son ras-le-bol des contrôles à répétition : on lui demande ses papiers ? « Je vais sortir tous mes diplômes… » Parfois, un policier sourit et Rose le remercie. Un autre a fait le singe en la croisant, un soir, à République…

Tout est dit dans ce plan saisissant tourné en mai 2016 : Matthieu Bareyre filme au plus près les visages de CRS qui barrent l’entrée de la Cinémathèque française, alors occupée par des manifestants de Nuit Debout. L’un des policiers pointe alors sa propre caméra sur le réalisateur, une miniature et son signal rouge, clignotant. Ce bref instant du filmeur filmé dure une éternité. L’Époque regarde la jeunesse, mais aussi les forces de l’ordre, au fond des yeux. (C. Fabre, Le Monde)