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JOEL, UNE ENFANCE EN PATAGONIE

Écrit et réalisé par Carlos SORIN - Argentine 2018 1h39mn VOSTF - avec Victoria Almeida, Diego Gentile, Joel Noguerat, Ana Katz...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

JOEL, UNE ENFANCE EN PATAGONIEChaque nouveau film du cinéaste argentin Carlos Sorín tintinnabule comme une douce ritournelle qui nous entraîne à la lisière de la civilisation. Tout en explorant le cœur des êtres de façon tendre et minimaliste, voici qu’il nous guide une fois de plus entre montagnes et étendues désertiques, dans sa région de prédilection, la Terre de Feu alias la Patagonie, dernier territoire habité avant le terrible Antarctique. Comme pour ses délicieux Bombon el perro, Historias minimas, Jour de pêche en Patagonie (en Vidéo en Poche)… nous voilà submergés par des paysages imposants qui ramènent les hommes à leur vulnérabilité. Ici on se sait infiniment petit et fragile, comme l’est Joel, le jeune protagoniste de cette histoire simple et élégante, qui n’use d’aucun artifice pour défendre sa cause. Comme toujours le réalisateur fait la part belle à ses acteurs, leur laissant la place de s’exprimer, de s’emparer des silences, de les rendre plus parlants que discours et gesticulations.

Cecilia et Diego n’y croyaient plus. Alors que le tribunal les appelle enfin, ils paraissent muselés par des sentiments contradictoires. On lit dans leur regard tout à la fois l'incrédulité, l'inquiétude, la joie, l'émotion… Ils ont tant attendu cet instant qu’une fois à portée de main, il leur parait toujours inaccessible. Pourtant leur rêve est bien en passe de se concrétiser : on leur propose un enfant à adopter. Ils croyaient être préparés, étonnamment le coup de fil les désarçonne, comme s’ils basculaient dans un vide intersidéral, sans filet : sont-ils si sûrs de leur choix, seront-ils capables de devenir de bons parents ? D’autant que le garçonnet qui sera leur fils est loin de correspondre à l’idéal enfantin qu’ils avaient imaginé. Ils voulaient un marmot en bas-âge – une page blanche –, celui-ci, du haut de ses neuf ans, a déjà des airs de pré-adolescent bougon, une autonomie de pensée, un vécu lourd de conséquences. Après avoir envisagé – sans oser se l’avouer ouvertement – de faire marche arrière, un temps de réflexion plus tard, le couple rappelle le bureau d'adoption… C’est décidé, ils accueilleront Joel.
Tout se passe dès lors très vite, une juge leur explique les étapes, leur rappelle les termes de la loi, ce à quoi ils s’engagent. On ne leur raconte pas grand chose du garçonnet. Un parcours chaotique, une mère absente, une grand-mère décédée, un oncle emprisonné. Quelques instants plus tard, ils rencontrent leur futur fils dans une chambre impersonnelle. Il leur parlera très peu de lui, quasi mutique, tout aussi méfiant qu’eux. C’est à la pince à épiler qu’il faudra lui arracher ses secrets. Son regard résolument noir, son visage fermé ne laisseront rien transparaitre de ses pensées. Le moindre sourire semblerait déjà une première victoire. Les plaisanteries du couple, leurs tentatives de tendre la main tombent désespérément à plat, comme s’ils étaient devant un mur hermétique à leur humanité. Cecilia et Diego s’arment de patience, refusant de baisser les bras, soucieux de tout tenter dans l’espoir d’adopter définitivement l’enfant. Ils ont six mois pour s’apprivoiser mutuellement, transformer l’essai de cette garde pré-adoptive en embryon de famille et devenir les nouveaux parents de Joel.
Mais progressivement tout va s’avérer plus complexe que les amoureux ne pensaient. Alors qu’ils s’efforcent de faire taire leurs doutes, que Jœl commence à faire de timides avancées vers eux et tente de s’intégrer à sa nouvelle école, ce sont les parents des autres élèves qui vont semer la zizanie, entre ragots et craintes imbéciles…

Délicatement, Carlos Sorin décortique une forme de violence sociale larvée, presque silencieuse, qui ne permet guère aux innocents du bas de l’échelle sociale le loisir de la gravir. C'est beau et sensible, du Sorin comme on l'aime.