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CHANSON DOUCE

Lucie BORLETEAU - France 2019 1h40mn - avec Karin Viard, Leïla Bekhti, Antoine Reinartz, Assya Da Silva... Scénario de Lucie Borleteau et Jérémie Elkaïm, d'après le roman de Leïla Slimani (Prix Goncourt 2016).

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

CHANSON DOUCELe premier film de Lucie Borleteau (surprenant Fidelio) se passait en haute mer, soumis au roulis des vagues, nous voici avec Chanson douce pris au piège des montagnes russes de sentiments ambivalents. Heureux, désarçonnés, aux prises avec des inquiétudes (justifiées ?), ballotés au gré des changements de ton d’un film qui oscille délicieusement entre univers réaliste et ambiance gothique. Tous les acteurs excellent à nous plonger dans une trame narrative au charme maléfique, particulièrement Karine Viard, plus que jamais caméléon. Elle entre si bien dans la peau de son personnage qu’au fil de son évolution, elle devient presque méconnaissable physiquement, métamorphosée sans effets spéciaux, ni maquillage. Absolument bluffante, elle s’aventure en terrain inattendu, tour à tour sévère, marrante, bouleversante puis progressivement angoissante, animale. Côté intrigue, la réalisatrice innove en n'abordant pas le récit par le même bout que l’excellent roman de Leïla Slimani, tout en restant très fidèle à son esprit, son ambiance, son terreau sociétal cruel.

Cette nuit-là, un terrible cauchemar réveille Myriam (Leïla Bekhti), tellement réaliste qu’il lui a glacé les sangs. Mais les bras de son homme sont là, rassurants, ainsi que ses deux enfants, sains et saufs, dans la maisonnée aux couleurs joviales… Les idées sont donc vite remises en ordre : si on rêve de perdre son monde, c’est qu’on l’aime vraiment. Mais cela la renvoie aussi à son incapacité à rester plus longtemps dans ce rôle anxiogène de mère au foyer étouffant, sans autre horizon que couches et torchons. Les gazouillis de ses petiots, quand bien même elle les chérit, l’enferment dans un univers rétréci, son esprit, son intelligence n'y trouvent pas leur compte. Petite discussion entre époux… et c’est décidé : malgré les réticences de Paul, son mari, ils se résolvent à chercher une nounou.
Les entretiens d’embauche qui s’en suivent campent le décor, satirique. À travers eux on comprendra plus de la personnalité des deux parents, aspirants grands bourgeois, que des candidates elles-mêmes, pourtant pas piquées des hannetons. Dans les regards complices, parfois effarés ou moqueurs, que notre sympathique (?) couple de tourtereaux se lancent, transparaît déjà un certain mépris de classe. S’ils n’ont pas encore les revenus suffisants pour accéder au rang supérieur, ils en ont déjà intégré les manières condescendantes, tout en se voyant doux comme des agneaux. Rapidement il apparait qu’aucune bonne d’enfant n'a une chance d'être à la hauteur de leurs légitimes – se persuadent-ils – exigences et angoisses parentales. Ils sont presque prêts à lâcher l’affaire quand soudain, surgie telle une Mary Poppins des temps modernes, apparait Louise (Karin Viard), tenue maîtrisée, souriante, rigoureuse, douce, séductrice juste ce qu’il faut, parfaitement respectueuse et déférente. Coup de foudre immédiat, inespéré, unanime ! La perfection faite nounou, tellement incroyable qu’ils n’auraient jamais pensé pouvoir s’offrir ses services, ce qui flatte sans doute leurs egos. Une véritable gouvernante digne d’un comte dans un conte. Une fée marraine du logis, allant même au-delà de son rôle, comblant leurs attentes les plus secrètes, transformant l’appartement en havre de propreté, de sérénité, en jardin d’Eden… Un ange passe… Mais là où passent les anges, les démons ne sont pas loin… En attendant, Louise, adulée par les deux mômes qu’elle mène par le bout du nez, réussissant même à leur faire manger des carottes et des navets, leur devient vite indispensable. Une deuxième maman… Myriam, tiraillée entre son travail passionnant d’avocate et la culpabilité d’être moins présente, en deviendrait presque jalouse.

Bien sûr, la partition se délite progressivement en fausses notes, d’abord rares, comme accidentelles, mais on se prend à redouter que la musique devienne stridente, ne sachant plus trop sur quel pied danser… Plus rien ne sera sûr, ni le pire, ni le meilleur.