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IL RESTE ENCORE DEMAIN

(C’È ANCORA DOMANI) Paola CORTELLESI - Italie 2023 1h58mn VOSTF - avec Paola Cortellesi, Valerio Mastandrea, Romana Maggiora Vergano, Yonv Joseph... Scénario de Paola Cortellesi, Furio Andreotti et Giulia Calenda.

Du 11/04/24 au 30/04/24

IL RESTE ENCORE DEMAINVoilà un excellent antidote à la déprime ! Du grand et beau cinéma populaire, « feel good » comme on anglicise, dont on ressort la tête haute. Si le titre chante bien mieux dans sa langue originelle, C’è ancora domani, il n’en reste pas moins énigmatique. Il gardera son réjouissant mystère jusqu’à la dernière minute d’un récit qui passe d’une affaire particulière à un pamphlet parodique à la portée universelle. En Italie, le public ne s’y est pas trompé : le film fait un triomphe avec 6 millions d’entrées, reléguant Barbie au second plan ! La brune Paola Cortellesi atomise ainsi d’un coup de féminisme bien placé l’hymne à la blonde plastifiée fabriquée en Chine par des ouvrières mal payées. Autant dire que ce véritable phénomène de société inattendu, qui fait écho avec panache aux grandes luttes actuelles contre les archaïsmes du vieux monde, fait couler beaucoup d’encre, même au-delà de son pays d’origine. Alors si l’on peut se permettre un conseil, un seul, fermez vos écoutilles, vos oreilles, pour qu’aucun fâcheux ne vous déflore la surprise, et courez voir ce petit bijou dans son écrin noir et blanc, qui rutile de moult clins d’œils aux grandes comédies italiennes de la belle époque ! Venez vous abreuver à sa force vitale, à son humour « al dente » tout aussi tendre que décapant.
Si l’affaire se situe dans la Rome fascisante de l’immédiat après-guerre, si les décors et les mœurs nous y plongent, le fond résonne fortement avec notre monde contemporain. Il y est question de relations entre hommes et femmes, d’abus de position dominante, sans misérabilisme, avec une combattivité joyeuse et communicative.

Malgré ses robes rapiécées, Delia (Paola Cortellesi elle-même) est d’une élégance folle. Elle l’est dans sa manière de protéger les siens, d’encaisser, de rester digne, de ne pas sombrer dans la rancune crasse, de continuer à servir ceux qui le lui rendent si mal. Celui qui s’en aperçoit le moins est sans doute son mari Ivano, plus prompt à filer des torgnoles qu’à aligner deux idées. Il est la parfaite incarnation du subtil dicton « Bats ta femme, si tu ne sais pas pourquoi, elle le saura ! »… Une caricature sur pattes avec une bouche pour ingurgiter, un anus pour restituer… Peut-être aurait-il pu devenir un bel et brave homme hors du contexte outrancièrement patriarcal de l’époque ? En attendant, pour éviter de contrarier son jules, Delia s’affaire, galope, archétype de ces femmes qui n’ont ni la pensée ni le temps de s’occuper un peu d’elles-mêmes. Bâillonnée par une muselière symbolique, Delia se tait, sachant que tout ce qu’elle pourrait dire serait instantanément retenu contre elle. Cela pourrait être dramatique à en pleurer mais ici tout est gracieusement distancié, transfiguré en pas de danse d’un torride tango qui éloigne les couples et les réunit. Jolie trouvaille de la mise en scène qui fait corps avec son héroïne, se fond dans une apparente docilité pour nous mener là où on ne s’y attend pas. Car bien camouflée dans la tête bien faite de Delia grandit une forme de résistance feutrée. Ce ne sont d’abord que quelques piécettes qu’elle détourne de leur destination première (les poches d’Ivano) ou une cigarette fumée en cachette… Germes très discrets d’une véritable rébellion : peut-être, en bonne mère qui couve les siens comme une louve, fera-t-elle pour eux ce qu’elle n’osait faire pour elle-même ?
Au fur et à mesure que son personnage se dévoile, on se prend à l’aimer, on devient ses complices invisibles, comme les dames de son quartier, avec leurs petites manigances, leurs grandes connivences. Comme les dames de tout un peuple qui n’attendent qu’un geste pour se réveiller.