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30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...

Stop Bolloré ! L'appel du collectif
Le collectif Stop Bolloré a vu le jour en décembre 2021 et rassemble des membres et des organisations de la société civile qui s’inquiètent de la concentration des médias et de l’édition en France et des dangers que cela représente pour la démocratie. Le projet du collectif, qui est poli...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°101 au n°117
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°101 au n°117   Samedi 17 avril Hier, fin N° 101. Juliette Binoche, 30 ans plus tard, et magnifique, dans un autre de ses plus beaux rôles. La musique, c’est le célébrissime Canon en ré majeur de Johann Pa...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°51 au n°100
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°51 au N°100 //////////////////////////////////////// Vendredi 26 février  Hier, fin N° 51. Saisissante. Tout comme l’est la séquence d’ouverture du film, qui montre la jungle s’enflammer sous les bombes a...

PAUVRES CRÉATURES

(POOR THINGS) Yorgos LANTHIMOS - USA 2023 2h21mn VOSTF - avec Emma Stone, Mark Ruffalo, Willem Dafoe, Ramy Youssef, Damien Bonnard, Hanna Schygulla, Jerrod Carmichael... Lion d’Or – Festival de Venise 2023.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

PAUVRES CRÉATURESAvec Pauvres créatures, le cinéaste grec désormais hollywoodien Yorgos Lanthimos, a frappé fort : esthétiquement stupéfiant, autant pour les décors que pour les effets de mise en scène (avec notamment quelques plans anamorphosés hypnotiques), servi par des acteurs inoubliables dans des rôles extrêmes, Pauvres créatures se permet en outre d’être un extraordinaire pamphlet féministe anti-autoritaire, prônant une liberté sexuelle absolue.

Dès la première séquence, intrigante au possible, on est subjugué : une femme, vêtue d’une robe victorienne d’un azur splendide, s’apprête à se jeter d’un pont dans les abysses sombres d’un fleuve, la Tamise peut-être. On va la retrouver, mais totalement différente, dans un immense et mystérieux manoir. Dans un corps de jeune femme, elle se comporte en enfant caractérielle, alignant à peine quelques mots intelligibles et brisant à sa guise les objets qui l’entourent. Bella est la protégée du Docteur Baxter, un chirurgien controversé, au visage repoussant, couturé tel un puzzle, qui terrifie et malmène ses étudiants lors de cours d’anatomie peu orthodoxes. Un seul étudiant, Max, semble attaché au professeur qui lui confie une mission à risques : observer les progrès de Bella qui, peu à peu, doit se développer mentalement et tendre vers l’âge adulte. Et le jeune étudiant va être foudroyé d’amour pour la jeune femme, malgré son étrangeté plus qu’inquiétante. Vous l’aurez peut-être compris, Pauvres créatures est une variation très libre sur le mythe de Frankenstein. Mais on ne vous en dira pas plus…
Yorgos Lanthimos s’en donne à cœur joie pour utiliser les codes esthétiques du 19e siècle, époque à laquelle est censé se dérouler le roman de Mary Shelley, mais en le mâtinant de fantaisies steampunk, ce genre propre à la science-fiction qui mêle inventions futuristes à la Jules Verne et imagerie victorienne. Dans Pauvres créatures, on se balade en calèche à vapeur mais à tête de cheval, on survole les villes dans d’étranges nacelles, les paquebots semblent sortis d’une BD de Bilal et, comme le professeur Baxter fait des expériences étranges, il a pour animaux de compagnie des poules à tête de caniche et des petits chiens à tête de cochon.

Mais le centre du film, c’est Bella et sa découverte tardive de la vie. Elle a grandi sans aucun accès aux codes sociaux donc sans aucun tabou et, lors d’une croisière imprévue à travers l’Europe, elle découvre sa sexualité en se moquant totalement de la bienséance. À travers ce personnage « scandaleux », Lanthimos creuse le sillon caustique et provocateur de ses précédents films (Canine, The Lobster…) : la critique – voire le jeu de massacre – du modèle formaté du couple et de la famille, l’exaltation de la liberté sans entraves, allant jusqu’à une défense fort peu catholique mais réjouissante de celle des travailleuses du sexe.
Pour mener cette sarabande endiablée, trois immenses comédiens : le marmoréen Willem Dafoe, génial en scientifique obsédé par sa création, dénué de morale mais néanmoins gagné par une sorte de sentiment paternel ; Mark Ruffalo, formidable en don juan quinqua finissant, libidineux et amoral à souhait ; et surtout la prodigieuse Emma Stone (méconnaissable si on se rappelle son rôle de La La Land), incarnant à la perfection et à la folie les trois étapes de la vie de Bella, femme enfant, femme insatiable de désir et de liberté puis femme d’esprit.