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SÉANCES BÉBÉS
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Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de la...

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UN JOUR FILLE

Réalisé par Jean-Claude MONOD - France 2023 1h33mn - Avec Marie Toscan, Iris Bry, Thomas Scimeca, Isild Le Besco...

Du 29/05/24 au 11/06/24

UN JOUR FILLEAu XVIIIe siècle, une jeune personne au sexe incertain, grandie fille, est poussée à « changer d’habit » en raison de son attirance pour les filles. Devenue homme, il se marie mais est bientôt condamné comme profanateur du mariage. Une histoire vraie qui nous est parvenue grâce au mémoire de l’avocat que Michel Foucault a étudié dans son Histoire de la sexualité. Film dit d’époque mais dont la thématique résonne fortement aujourd’hui, notamment sur les questions liées au genre, Un jour fille est un des premiers films sur une personne Intersexe – dit alors « hermaphrodite » mais cette appellation « mythologique » n’a plus cours. L’histoire vraie et bouleversante d’Anne Grandjean, née intersexe, et de son procès retentissant, qui interroge encore aujourd’hui toutes nos certitudes. Cette histoire peut être enthousiasmante aussi par les échos qu’elle suscitait au vu des remous récents face au « mariage pour tous », ou de l’affrontement entre des sexualités minoritaires et des normes religieuses. Absolument singulière, et pourtant absolument « actuelle », elle questionne chacun sur son rapport au genre, et au périmètre possible de ses amours.
Jean-Claude Monod pose un regard bienveillant sur notre personnage principal Anne / Jean-Baptiste, et au fur et à mesure du récit nous dévoile l’absurdité de son traitement par les mœurs de la société. En effet, l’événement déclencheur sera la découverte du “lesbianisme” d’Anne par le curé, et plutôt que de considérer cela, il préférera opter pour une erreur de genre à sa naissance, car il s’avère qu’Anne témoigne des deux caractéristiques sexuels biologiques, les médecins s’accordant cependant à dire qu’il s’agit plutôt une femme. Pour mieux comprendre l’intersexuation, on vous invite à lire le très clair et court article « Que signifie être intersexe ou intersexué(e) ? » sur amnesty.fr. Faire socialement d’Anne un homme, lui permettra alors de vivre une sexualité tolérée et allant de soi à cette époque, l’hétérosexualité.

À partir de là, notre personnage sera plus ou moins forcé à changer de genre (socialement) et à devenir Jean-Baptiste, prénom choisit par son père, qui signifie « Dieu fait grâce », et devra quitter sa communauté, sa famille, pour fuir la discrimination et vivre une nouvelle vie. Jean-Baptiste rejoint une troupe de comédien et comédiennes qui vivent de spectacles dans les différentes communes de la région, et se lie d’amitié avec Sébastien un des membres de la troupe qui lui inspire une certaine liberté d’être. Le récit du film nous fournit à plusieurs reprises des réflexions intéressantes à travers des œuvres majeures de la littérature telles que Le rêve de d’Alembert de Diderot, La nuit des rois de Shakespeare, ou encore Les anormaux de Foucault. On notera également la scène de procès convaincante et poignante, grâce au jeu d’acteur de Thibault de Montalembert (Dix pour cent, L’Absente, etc.) en avocat de l’accusé.

Jean-Baptiste, qu’on découvre adolescent, sur lequel certains projettent leurs fantasmes et qui suscite la curiosité – du spectateur aussi bien – est, au cours du développement de l’histoire, traité comme un monstre, ce dont le film montrera l’aberration. La relative fréquence des cas d’intersexuation à la naissance (on avance généralement le chiffre de 1 sur 2000) est aujourd’hui connue ; depuis les années 1990 aux États-Unis et ces dernières années en France, plusieurs mouvements de personnes intersexuées ont porté leurs revendications, notamment contre les opérations décidées sans le consentement des individus dans leur petite enfance, souvent davantage par les médecins que par les parents eux-mêmes, qui s’inclinent devant le « pouvoir médical ».

Alors ce film, politique sans être militant, déroutera et désarmera potentiellement les résistances d’un public qui « ne voudrait pas entendre parler » de ces questions, en apportant une histoire absolument singulière, qui est en elle-même un formidable défi à toutes les catégorisations et à tous les préjugés.