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ROSALIE

Stéphanie Di GIUSTO - France 2023 1h55mn - avec Nadia Tereszkiewicz, Benoît Magimel, Benjamin Biolay, Guillaume Gouix, Juliette Armanet, Gustave Kervern... Scénario de Stéphanie Di Giusto et Sandrine Le Coustumer.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

ROSALIEAprès un premier film très réussi, La Danseuse, consacré au personnage bien réel de Loïe Fuller, qui lutta quotidiennement pour sculpter son corps et réaliser sur scène ses rêves d’exception, Stéphanie Di Giusto raconte d’une certaine manière avec Rosalie un destin contraire. Celui d’une femme condamnée à sculpter quotidiennement son corps pour gommer ses différences et se fondre dans la masse indistincte de la normalité – mais qui va affirmer sa personnalité et tenter de gagner sa liberté dans une société conservatrice, corsetée par les conventions.

Dans la France de 1870, Rosalie Deluc est une jeune femme qui cache un secret. Depuis sa plus tendre enfance, son visage et son corps sont recouverts de poils. De peur d’être rejetée, elle s’est toujours obligée à se raser et vit recluse chez son paternel. Jusqu’au jour où Abel, un tenancier de café acculé par les dettes, au corps torturé par les traumatismes de la guerre, l’épouse pour sa dot sans connaître son secret. Et alors qu’il se demandait si elle allait pouvoir l’aimer malgré ses blessures, c’est lui qui se trouve confronté à son propre rejet de l’autre en découvrant son hirsutisme. Au dégoût s’ajoute le terrible sentiment d’avoir été dupé. C’est violent, la trahison, c’est un sentiment qui reste ancré dans la chair. Après une confrontation particulièrement tendue, Rosalie, désespérée, s’enfuit en forêt. Abel, gagné par une empathie qu’il se refusait, la retrouve, se reconnaît en elle, en ce qu’ils sont tous les deux imparfaits. Lui-même se voit comme une bête curieuse en butte au regard des « autres » et a fini par se détester. La douceur de cette femme, sa gaieté, son aplomb vont avoir raison de la muraille qu’il s’est construite. De son côté, Rosalie revendique d’être regardée comme une femme, malgré une différence qu’elle ne veut plus cacher. En laissant pousser sa barbe, elle va enfin se libérer, attirer les curieux, la presse, et sauver le petit commerce en perdition. En faisant revivre le café, Rosalie éveille les consciences et libère la parole, réunit les gens, fait circuler les sentiments. Ce vent de liberté ne va pas plaire à tout le monde, surtout pas au hobereau tyrannique qui tient la ville, ni à celles et ceux qui s’inquiètent de voir essaimer ces idées de révolte…

Rosalie est lointainement inspiré de l’histoire de Clémence Lestienne qui, dans les années 1860, fit de sa pilosité un support publicitaire pour mieux vendre ses pains d’épices sur les marchés du Nord de la France – et devint connue sous le nom de « femme à barbe ». Le film n’est pas pour autant une biographie : Stéphanie Di Giusto s’affranchit de son modèle pour réinventer le destin d’une jeune femme libre, forte, qui explore les sentiments, décortique le désir – et filme une magnifique histoire d’amour sans condition. Rosalie, qui affirme sa féminité singulière, ne se positionne jamais comme une victime. Elle impose sa dissemblance et transforme une supposée tare en force ; un entre-deux genré, monstrueux et dérangeant en puissance érotique et politique. Questionner le genre, c’est questionner l’égalité et l’ordre établi – et par suite le ferment d’un bouillonnement révolutionnaire. C’est pourquoi les « études de genres » sont si violemment attaquées par l’extrême centre et son supplétif conservateur, l’extrême droite. Rosalie nous renvoie à notre époque, engoncée dans une normalisation des corps poussée jusqu’à la caricature par le suremploi de filtres sur les réseaux sociaux, à notre regard sur l’autre et à notre humanité. Sans convoquer toutes les images capillotractées qui viennent à l’esprit, on dira quand même que c’est un film soyeux, d’une grande beauté formelle, un film au poil qui est tout sauf rasoir !