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La Paix, éternelle Utopie ?
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LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
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Justine Triet parle d’or
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Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

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LES FAUSSAIRES DE MANHATTAN

Marielle HELLER - USA 2018 1h46 VOSTF - avec Melissa McCarthy, Richard E. Grant, Dolly Wells, Ben Falcone... Scénario de Nicole Holofcener et Jeff Whitty, d'après le livre de Lee Israel.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

LES FAUSSAIRES DE MANHATTANMa pieuse grand-mère, presque une sainte disait le voisinage, m’enseigna que même la gourmandise était un péché. Mais il y en avait de bien pires : entre autres tricher ou voler ! Aussi quand, toute petite, je la vis chaparder pour la première fois une sucrerie dans une grande surface, je m’offusquai : « Mais… mais c’est un péché ! ». J'étais outrée. Alors, dans un de ces larges sourires, aussi coupables que complices, dont elle seule avait le secret, elle me souffla : « Oh ! Ce bonbon est si petit… Dieu nous le pardonnera. » Et elle éclata de rire. Aide toi et aide un peu le ciel s’il tarde à le faire ! C’est à croire que Lee Israel a eu la même grand-mère ou a tout le moins bénéficié des mêmes enseignements. Il faut préciser ici que le personnage central du film a bel et bien existé et que le scénario est l’adaptation de son étonnante autobiographie : Can you ever forgive me ? (Pourrez-vous jamais me pardonner ?).



L’histoire démarre à ce point précis où la vie de Lee, biographe en manque d'inspiration, va basculer dans une autre dimension, hors des rails de la bonne morale, suite à un événement d’une banalité confondante : Jersey refuse de manger sa pâtée. À voir ce chat tellement décrépit, on pencherait pour ne pas lui infliger de lourds traitements inutiles. Seulement voilà, si on exclut les bouquins et la bibine, le gros matou est le seul compagnon de notre misanthrope endurcie, celui qui la raccroche à un semblant d’humanité. Voilà la drôlesse prête à se mettre à genoux chez le vétérinaire pour qu’il soigne la pauvre bête. Mais son ardoise est si longue que, malgré ses prières, rien ne fera fléchir la pourtant compatissante secrétaire.

Pour son chat, Lee est prête à ravaler sa fierté et s'en va supplier une ultime fois son éditrice afin qu’elle lui consente une avance… Mais rien à faire : le coup de la page blanche, ça va un temps ! Des lustres que l’écrivaine abreuve son entourage de promesses non tenues… Elle n'aura pas un sou ! Donc impossible de payer les loyers en retard, encore moins les frais de véto du félin. C'est bien pour son chat que, la mort dans l’âme, Lee se résout à vendre une de ses possessions les plus précieuses : une lettre originale de Katharine Hepburn. Une transaction si simple et rémunératrice qu'elle va produire chez elle une soudaine illumination : et s’il suffisait, pour rembourser toutes ses dettes, de fabriquer quelques missives dédicacées ? Ça ne ferait de tort à personne…
Usant de ses talents de dactylographe, l'écrivaine jusque là respectueuse des lois va vite devenir une brillante faussaire. Elle imite la prose de ses auteurs préférés en pure virtuose, leur attribuant des citations de son cru, restituant leur style de façon magistrale, s’enhardissant chaque jour un peu plus, toujours plus inventive. Tant et si bien qu’une telle surabondance de correspondance « rare » finit par devenir suspecte aux yeux des acheteurs. Lee, se sentant repérée, essaie de contourner la chose en confiant la partie commerciale de son business à un dandy sur le retour du nom de Jack Hock, encore plus loser qu’elle, son antithèse question prestance et élégance décalée. C’est ainsi qu’entre ces deux, que seuls la solitude et l’abus d’alcool semblaient pouvoir rapprocher, naîtra une amitié vacharde perfusée au whisky et aux tirades cyniques.

Le duo haut en couleur, excellemment interprété par Melissa McCarthy et Richard E. Grant, contribue à rendre croustillante cette escroquerie mondaine que jamais, au grand jamais Lee Israel ne désavouera et qui restera probablement sa plus belle œuvre, presque son chant du cygne. Peut-être même qu’à la longue, ses faux remarquables qui courent encore dans la nature deviendront encore plus prisés que les vrais. De quoi largement se faire pardonner.