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30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...

Stop Bolloré ! L'appel du collectif
Le collectif Stop Bolloré a vu le jour en décembre 2021 et rassemble des membres et des organisations de la société civile qui s’inquiètent de la concentration des médias et de l’édition en France et des dangers que cela représente pour la démocratie. Le projet du collectif, qui est poli...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°101 au n°117
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°101 au n°117   Samedi 17 avril Hier, fin N° 101. Juliette Binoche, 30 ans plus tard, et magnifique, dans un autre de ses plus beaux rôles. La musique, c’est le célébrissime Canon en ré majeur de Johann Pa...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°51 au n°100
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°51 au N°100 //////////////////////////////////////// Vendredi 26 février  Hier, fin N° 51. Saisissante. Tout comme l’est la séquence d’ouverture du film, qui montre la jungle s’enflammer sous les bombes a...

L’ÉTAT SAUVAGE

Écrit et réalisé par David PERRAULT - France 2019 1h58mn VOSTF - avec Alice Isaaz, Kevin Janssens, Déborah François, Armelle Abidou, Kate Moran...
Coproduction : 1001 productions, Métafilms (Montréal) et Uproduction (Bordeaux)
Film soutenu par la Région Nouvelle-Aquitaine et accompagné par ALCA

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

L’ÉTAT SAUVAGEL’État sauvage est un film à cheval au sens propre comme au sens figuré. Au sens propre car il emprunte une part de ses codes au western, dont les longues chevauchées fantastiques. Au sens figuré car il jongle entre les styles, tout en ne se réduisant à aucun. Un esprit tout aussi réaliste que baroque y flotte, oscillant entre songe cauchemardesque et épopée émancipatrice féministe. Si les costumes sont quasiment d’époque, car là encore il y a quelques détails qui les font sortir du cadre classique, les personnages se meuvent sur des musiques contemporaines, ce qui rend le récit plus universel et atemporel qu’une simple reconstitution historique. Tout est dans l’art de la narration, de la mise en scène qui nous fait balancer entre film d’action et rêverie de jeune fille, univers intérieur et immensité des plaines. À la fois atypique et classique, il se joue des rythmes, procède par accélérations syncopées, ralentis contemplatifs, prises de vues somptueuses. Il se déploie autant dans les grandes étendues naturelles dignes du Far West que dans le huis-clos inconfortable d’une civilisation coloniale décadente, ancien monde en voie de disparition. Nous voici confrontés aussi bien aux éléments surpuissants qu’aux relents d’un patriarcat étouffant. Lequel de ces deux milieux est le plus sauvage ? À chacune et à chacun de se faire son opinion.

1861, quelque part dans le Missouri… Au loin gronde la Guerre de Sécession. Mais la petite colonie française, qui mange ses soupes dans des assiettes de porcelaine et tranche ses gigots avec des couteaux en argent, ne s’en inquiète guère. Elle se sent étrangère à cette affaire américano-américaine, préférant jouer l’autruche au dessus du lot : après tout, contrairement aux Sudistes du cru, ne rémunère-t-elle pas ses serviteurs de couleur ? C’est la position que défend Edmond, en bon père de famille pacifiste. D’autant, on le comprendra vite, que la famille nourrit une relation très particulière avec la noire et charmante Layla. Avec son vaudou, sa douceur intelligente, elle fait un délicieux contrepoint à l’ambiance coincée et bigote de la maisonnée où les trois filles d’Edmond s’épanouissent sous la houlette de Madeleine, épouse fidèle et insatisfaite, entre deux répétitions de piano et de chant lyrique. Ennui, corsets et prières, voilà le pain quotidien d’Esther la cadette et de ses sœurs Justine et Abigaëlle, bientôt toutes en âge d’être épousées.
Lors d’un bal où ce beau monde parade en grande pompe, l’affaire va s’envenimer avec l’arrivée d’une bande de soldats nordistes aussi délicats que des chiens affamés dans un jeu de quille. Impossible dialogue entre une soldatesque populaire bien remontée et une classe supérieure déconnectée des réalités. Quand les armes seront dégainées, nul ne pourra plus se bercer d’illusions. La seule alternative d’Edmond sera de fuir en comité retreint en s’allouant les services de Victor, un convoyeur au passé trouble et aux balafres profondes, forcément plein de charme aux yeux de la romantique Esther. Voilà la fragile équipée en route vers un hasardeux destin, espérant embarquer pour l’Europe, rebroussant le chemin de la conquête de l’Ouest, après avoir abandonné derrière eux les fastes d’un passé révolu, la sécurité d’un foyer confortable. Amère débandade qui va progressivement prendre un goût inattendu de liberté. Ce voyage initiatique, parsemé de dangers et d’embûches, est indiscutablement plus excitant et instructif qu’une soirée perdue à tricoter au coin d’un feu de cheminée ! De fil en aiguille, de confidences en confidences, on découvrira une autre réalité, les non dits inavouables, l’hypocrisie d’un monde patriarcal faussement sécurisant.

Plusieurs niveaux de lectures se chevauchent (décidément !) continuellement dans cet étonnant film aux climats extrêmes, dans lequel les rôles traditionnels finiront par être inversés de façon tout aussi stimulante que salutaire.