Crève La Taule 84
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p { margin-bottom: 0.25cm; line-height: 115%; background: transparent }“On nous dit que les prisons sont surpeuplées. Et si c’était la population qui était suremprisonnée ?” Michel Foucault@page { size: 21cm 29.7cm; margin: 2cm }
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ENSEIGNANTES, ENSEIGNANTS ! Vous pouvez organiser des séances scolaires en matinée.
Nous pouvons organiser des séances à la carte pour vos classes, en matinée. Vous trouverez une liste des films programmables sur notre site internet, rubrique « Jeune public et scolaires »/ “D’AUTRES FILMS POUR LES SCOLAIRES” Pour les maternelles : Zébulon l...
La Ménardière : un habitat partagé en construction…
À Bérat, à mi-chemin entre l’Ariège et Toulouse, la Ménardière est un beau domaine aux multiples possibilités. Acquis en 2019 par une douzaine de personnes au bord de la retraite qui refusaient le destin peu folichon, que nos sociétés réservent à leurs vieux : ni solution privée au coût e...
Vidéo en Poche, c'est fini
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...
Rachid HAMI - France 2023 1h53 - avec Karim Leklou, Shaïn Boumedine, Lubna Azabal, Samir Guesmi, Laurent Lafitte... Scénario de Rachid Hami et Ollivier Pourriol.
(ATTENTION ! Cette page est une archive !)
À l’automne 2012, les élèves de l’école spéciale militaire de Saint-Cyr, en charge de la « transmission de tradition » destinée à accueillir les nouvelles recrues – plus trivialement désignée sous les termes de « bizutage » ou « bahutage » –, ont eu la brillante idée de reconstituer le débarquement de Provence du 15 août 1944. Un peu avant minuit, le 29 octobre 2012, les nouveaux, sous le feu de puissants projecteurs, ont été poussés à entrer dans un étang surnommé « Bazar Beach », équipés de leurs treillis, rangers et casque lourd, sous des tirs de cartouches à blanc accompagnés des Walkyries de Wagner diffusées à plein volume. Apocalypse now version carton-pâte.
On pourrait rire de cette ambition de faire cinoche si la réalité n’avait pas tourné au drame. Plongés dans une eau à 9 degrés qui saisit même les meilleurs nageurs, les jeunes soldats découvrent très vite qu’ils n’ont pas pied. Panique générale, sauve-qui-peut. Beaucoup n’échappent à la noyade que d’un cheveu. Dans la confusion, on met du temps à s’apercevoir qu’un soldat manque à l’appel : Jallal Hami, OST (Officier Sur Titre) de 24 ans. Le frère du réalisateur. C’est à partir de cette tragédie intime que Rachid Hami a bâti une fiction dont l’une des grandes qualités est de ne pas aller exactement où l’on aurait pu l’attendre (nous contre eux, les civils contre les uniformes, les Musulmans des quartiers confrontés aux Français de souche et de bonne famille…) mais qui, tout en abordant par petites touches nuancées beaucoup de sujets très actuels de la société française, retrace surtout la quête de rédemption d’Ismaël, le frère aîné du mort. Le tout dans un style tournant le dos au cinéma d’auteur socialréaliste habituel pour une facture d’ambition classique (dans le bon sens du terme) voyageant de l’Algérie du passé à Taïwan (où Aïssa – l’alter ego du Jallal de la réalité – avait effectué un stage). Pour Ismaël (le très bon Karim Leklou) et sa mère Nadia (Lubna Azabal, excellente elle aussi), c’est une question de principe : Aïssa (le rayonnant Shaïn Boumedine), qui « était fier d’être à SaintCyr », doit avoir les honneurs d’un enterrement militaire qu’on leur a d’abord promis avant de tergiverser (le jeune homme n’est pas mort en opération extérieure). Des discussions qui rythment toute l’intrigue, de rendez-vous en rendez-vous, laissant émerger des différences sous l’uniformité de l’uniforme, le sens de l’honneur des uns (le général Caillard incarné par Laurent Lafitte) se heurtant au strict respect du règlement des autres. Pendant ce temps, Ismaël, le fils « décevant », qui a emprunté par le passé des voies peu recommandables, se souvient. Reviennent à la surface l’enfance et leur fuite d’Algérie en 1992 malgré l’opposition totale de leur père Adil (Samir Guesmi), qui ressurgit au funérarium, mais aussi son voyage deux ans auparavant à Taïwan pour rendre visite à Aïssa, un face-à-face crucial entre les deux frères.
Le réalisateur restitue, à une hauteur très humaine (certaines scènes sont inévitablement poignantes) toute la complexité de ce qu’est la place de chacun et la reconnaissance des autres dans un microcosme familial et dans le macrocosme France. Nourrissant la ligne claire de son récit (un scénario qu’il a écrit avec Ollivier Pourriol) de multiples petits détails suggestifs, emballant l’ensemble dans l’excellente musique de Dan Levy, et donnant à chacun de ses trois espaces spatio-temporels (le présent, l’Algérie, Taïwan) toute l’attention nécessaire pour acquérir une vraie identité visuelle et atmosphérique, Rachid Hami signe une œuvre à la fois ample et sensible.
(d’après F. Lemercier, cineuropa.org)