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LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
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Justine Triet parle d’or
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Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
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PAR COEURS

Benoît JACQUOT - documentaire France 2022 1h16 - avec Isabelle Huppert et Fabrice Luchini...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

PAR COEURSLe film de Benoît Jacquot nous propose une expérience étonnante. L’expérience d’une proximité presque intime avec deux immenses comédiens vivant les dernières répétitions de deux œuvres radicalement différentes mais tout aussi complexes à maîtriser. L’expérience de la relation entre un artiste et son art, mais il serait plus juste de dire entre un artisan et l’objet de son art tant le travail qui se construit sous nos yeux de profanes est minutieux, précis, technique. En filigrane, discrètement, c’est aussi un appel à vivre le théâtre dans la salle, avec tout ce que cela suppose d’imprévu, de surprises et de vivant.

Tout se passe durant l’été 2021, en Avignon comme on dit, quelques jours avant le début du Festival. Isabelle Huppert s’apprête à jouer La Cerisaie dans la Cour d’honneur du Palais des Papes, représentation prestigieuse et un brin solennelle dans un lieu chargé d’histoire et d’émotion, habité par d’illustres fantômes. A quelques rues de là, à l’hôtel Calvet, autre lieu dédié au festival mais plus intime, plus discret, moins oppressant aussi sans doute, Fabrice Luchini se prépare à donner deux représentations de son seul-en-scène autour des écrits de Nietzsche. Deux expériences, deux partitions, deux dispositifs complètement différents : pour l’une la troupe, les décors, les répliques du théâtre classique et pour l’autre une table, une chaise et des textes alliant philosophie et poésie, pas forcément écrits pour être dits. Pourtant, si ces deux monstres de scène ont chacun leur style, leur diction, leur musicalité et leur manière propre d’appréhender cet exercice d’équilibriste sans filet (contrairement au cinéma), ils partagent tous les deux le même trac, les mêmes doutes, la même fragilité.

Et c’est ici que le film de Benoît Jacquot devient fascinant et terriblement émouvant dans ce qu’il montre de la très grande vulnérabilité de ces deux artistes et dans la manière dont il se livrent, entièrement, sans masque et sans artifices, à cette caméra complice et amie.
Durant ces ultimes répétitions, Isabelle Huppert va buter sur une phrase : « Le malheur me paraît tellement invraisemblable que j’en viens même à ne plus savoir que penser, je m’y perds. » Cette phrase elle va la répéter, la ressasser comme un mantra, la tordre, la dérouler, la déployer, la chambouler, pour tenter de parvenir à la dompter, à la faire sienne. Pourtant la phrase va résister… car oui, même une ligne a priori anodine de Tchekhov peut résister à Isabelle Huppert ! De son côté, Luchni va devoir composer avec la rigueur de Nietzsche, mais surtout avec le mistral qui sera pour lui encore plus indomptable que le philosophe. Ces deux motifs seront comme le fil conducteur du film, un prétexte à montrer l’équation complexe du métier de comédien et d’en saisir toute la grâce et l’intensité. Avec la complicité de Caroline Champetier, directrice de la photographie d’une finesse et d’une sensibilité rares, Par cœurs (qui ajoute en un clin d’œil un simple « s » au titre d’un précédant documentaire de Benoît Jacquot filmant déjà Fabrice Luchini seul sur scène avec La Fontaine, Céline et Flaubert) est une très belle déclaration d’amour au labeur et à la magie du théâtre.