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SICK OF MYSELF

Écrit et réalisé par Kristoffer BORGLI - Norvège 2022 1h37VOSTF - avec Kristine Kujath Thorp, Eirik Sæther, Fanny Vaager...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

SICK OF MYSELFAllongée sur le sol, la jeune femme répète inlassablement qu’elle souhaite vivre. « Il faut vivre et non plus seulement exister » écrivait le philosophe grec Plutarque. Avec Sick of myself, le réalisateur norvégien Kristoffer Borgli, dans la droite ligne du suédois Ruben Östlund, signe une comédie froide et grinçante où le narcissisme d’une société rongée par l’individualisme amène aux pires décisions. Un film malin et percutant.

Thomas, un artiste qui vole des meubles pour en faire des œuvres d’art, commence à se faire connaître. Il expose dans une petite galerie et apparaît en couverture d’un magazine. Signe, son amie, assiste dépitée à son ascension : elle aussi veut son quart d’heure de gloire. Un couple toxique qui brille par son manque de solidarité. En public, tout est bon pour rabaisser ou nier l’autre. Folle d’être inconsidérée, Signe trouve un moyen d’exister… au risque d’absolument tout perdre.



Dans Sick of myself, vivre dans l’ombre est une souffrance. Le bonheur se trouve dans le regard d’autrui. Dès le début du film, le mot est lâché : narcissisme. Dans un monde concurrentiel à l’attention fragilisée, comment faire pour combler un ego défaillant ? Signe et Thomas ne cessent de tirer la nappe, manquant sans cesse de tout renverser. Obnubilés par leur sort, ils dévorent autant que possible le temps de quiconque s’approche d’eux.
Difficile pour Signe de concurrencer Thomas et sa renommée grandissante. Ne pouvant l’affronter sur le terrain de l’art, elle décide de jouer le rôle de la victime : une chose fragile en quête de réconfort, d’attention. Au détour d’un article, elle découvre un médicament qui, mal utilisé, peut occasionner de graves conséquences pour la peau. Une véritable maladie orpheline. Les semaines s’enchaînent, les premiers symptômes apparaissent. On entre dans le body horror, avec une mutation du corps, métaphore d’un esprit malade. Ce n’est toutefois pas suffisant, il en faut toujours plus : son désir de reconnaissance s’accorde avec le cynisme d’agences de communication. Son visage déformé par la maladie sert des intérêts commerciaux. Si la jeune femme parvient à tromper tout le monde, sa fiction ne dupe pas son corps : bien qu’utile à son image, sa maladie l’atteint réellement. Elle risque de mourir de vouloir exister, consumée par son ego.
Non sans conséquence, le parcours cauchemardesque de Signe entre en résonance avec celui de Thomas, son compagnon. Ils chutent ensemble dans l’indifférence générale. Le « corps-événement » de la jeune femme n’intéresse plus, son rôle de martyre non plus. Face à la rudesse de la réalité, Signe tente en permanence le pas de côté : on s’invite dans ses fantasmes, des versions idéalisées de la vie. Le succès ici et là, mais surtout des craintes, les mensonges ne cessant de s’accumuler…

Tourné avec une légèreté assumée, Sick of myself est une œuvre drôle, décalée et quelque part dramatique qui vaut surtout par son côté jusqu’au-boutiste, poussant autant que possible le vice de son personnage principal, devenu monstre en quête de buzz.


(P. Larvol, movierama.fr)