LA GAZETTE
(à télécharger au format PDF)

NOUS TROUVER
(et où trouver la gazette)

NOS TARIFS :
TARIF NORMAL : 7,50€
CARNET D'ABONNEMENT : 55€ (10 places, non nominatives, non limités dans le temps, et valables dans tous les Utopia)
Séance avant 13h : 5€
Moins de 18 ans : 5€

RSS Cinéma
RSS Scolaires
RSS Blog

(Quid des flux RSS ?)

EN DIRECT D'U-BLOG

Le blog des profondeurs...
(de champ)

La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde  avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...

Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

Soutenez Utopia Palmer

MADAME DE SÉVIGNÉ

Isabelle BROCARD - France 2024 1h32 - avec Karin Viard, Ana Girardot, Cédric Kahn, Noémie Lvovsky... Scénario d’Isabelle Brocard et Yves Thomas, librement inspiré des Lettres de Madame de Sévigné.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

MADAME DE SÉVIGNÉVêtues de longues chemises blanches, Marie et sa fille Françoise, complices et joyeuses, marchent dans l’eau d’une petite rivière : la scène est baignée d’une douce lumière qui respire la tendresse et l’innocence d’un moment de détente privilégié dans une nature indifférente à leur statut social. Un air de liberté semble régner autour de ces deux femmes insouciantes… La future Comtesse de Grignan et sa mère, Marquise de Sévigné, appartiennent pourtant à un milieu corseté où le nom, la fortune et la réputation sont plus importants que le mérite. Mais à la cour de Louis XIV, seul le Roi est libre de faire ce qui lui plaît, les hommes et les femmes qui l’entourent n’étant, bien qu’aristocrates, que des sujets… Son bon plaisir peut élever une femme au statut convoité de favorite ou la condamner à un déshonneur difficile à faire oublier… si ce n’est, peut-être, à l’abri des murs d’un couvent. Pour éviter un tel destin à une fille dont la beauté a ouvert à la mère les coulisses de la Cour, le mariage et la vie en province s’imposent comme une évidence… douloureuse. Cette séparation va ravager le cœur et l’esprit de la Marquise qui va littéralement poursuivre sa fille à distance : ses fameuses lettres dont le film s’est librement inspiré dépeignent à la fois les blessures profondes d’un amour carnivore et les contraintes d’une époque où l’indépendance des femmes – fussentelles CSP+++ – n’est pas d’actualité. Il n’empêche que Madame de Sévigné, veuve, riche et dotée d’un esprit vif et brillant, fréquente les salons qui commencent à fleurir dans Paris, où la volonté d’émancipation des femmes est discutée – et sujette à moquerie, n’estce pas Monsieur Molière ?



Karine Viard incarne avec justesse et nuances une Madame de Sévigné graphomane qui tente de combler l’absence de sa fille en lui adressant des lettres où la profonde affection maternelle se charge de reproches qui relèvent presque du registre amoureux… La tendresse et le miel des mots contiennent un poison dont la fille apprend à s’immuniser avec le temps : Ana Girardot campe superbement cette Madame de Grignan qui résiste aux assauts épistolaires d’une mère dont l’obsession maladive ne la rend pas détestable pour autant. À ce jeu de l’escrime littéraire, la mère est plus forte que la fille, mais celle-ci a un atout : son mari (délicat et discret Cédric Kahn), qui la protège comme il peut d’une mère… dont dépend la santé financière du couple. Avec une sobriété remarquable et particulièrement efficace, la réalisatrice saisit la force et la fragilité de deux femmes que tout réunit et que tout oppose dans un monde où toutes les apparences sont trompeuses.

Si le film nous renvoie à des préoccupations bien actuelles – l’émancipation des femmes vis-à-vis de la famille, visà-vis des hommes et du patriarcat, leur lutte pour leurs droits, pour leur liberté – la réalisatrice ne tombe pas dans les pièges de l’anachronisme. Elle ne fait pas de Madame de Sévigné une féministe avant l’heure, ni de la relation mère-fille et de leur correspondance une préfiguration des thèses psychanalytiques… Mais Madame de Sévigné et Madame de La Fayette (Noémie Lvovsky tout en finesse) peuvent néanmoins être considérées comme des pionnières dont l’engagement dans l’écriture démontre que la culture, l’éducation et la maîtrise du langage peuvent être des armes d’émancipation massive pour les femmes.