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LA MÈRE DE TOUS LES MENSONGES

Asmae EL MOUDIR - Maroc 2023 1h37 VOSTF - Festival de Cannes 2023, Sélection Un certain regard : Prix de la mise en scène.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

LA MÈRE DE TOUS LES MENSONGES« On sait combien le silence tue le jour où on le brise ». Il est courant de dire que chaque famille a ses secrets. Il semblerait que pour certaines, ces secrets soient si lourds qu’ils se transforment en mensonges et ont ainsi d’autant plus de mal à éclater au grand jour. La jeune réalisatrice Asmae El Moudir a compris cela lorsque, à l’âge de 12 ans, elle s’est rendu compte qu’il n’existait aucune photographie d’elle. La seule photo en sa possession étant celle donnée par sa mère quelques années plus tôt et sur laquelle Asmae est persuadée qu’il ne s’agit pas d’ellemême mais d’une inconnue. Pourquoi ce mensonge de sa mère ? À quelle fin ? Pourquoi sa grand-mère, véritable cheffe de clan, a-t-elle brûlé toutes les photographies familiales avant même sa venue au monde ?

Dans l’espoir de démêler les mensonges familiaux, la cinéaste va réunir sa grandmère, son père, sa mère et deux de ses anciens voisins (Abdallah et Saïd) dans un même lieu pour que s’exprime, sinon la, du moins une vérité. Avec l’aide de son père Mohammed, ancien maçon de renom, elle recrée une magnifique maquette du quartier de son enfance ainsi que des figurines de chacun de ses proches afin de rejouer leur propre histoire. Elle alterne ainsi les séquences reproduites avec ses figurines et les séquences où elle filme réellement ses proches ; et, très vite, on se rend compte de la place envahissante, voire dictatoriale, de la grand-mère. Personne, au début en tout cas, n’ose la contredire, tous se figent de peur dès qu’elle prend la parole et subissent impuissants ses colères et remontrances. La grand-mère refuse de parler, elle n’a rien vu, rien entendu et lorsque les autres commencent à raconter ce qu’ils savent, ce qu’ils ont vécu, elle parvient toujours à imposer le silence, d’une façon ou d’une autre…

D’où vient ce rejet, comment expliquer cette figure d’autorité qui impose l’omerta à tout prix ? Nous n’en dirons pas plus sur le tragique événement de l’Histoire marocaine qui est au centre de ce nœud familial, pour ne pas déflorer le film, qui fait la lumière petit à petit, intelligemment, tout en émotions dans le déploiement de l’horreur vécue ce fameux jour du samedi 20 juin 1981. C’est grâce à son dispositif ingénieux qu’Asmae El Moudir parvient à pallier le manque d’images d’archives relatant cet épisode. En effet, une seule photo, en noir et blanc, de cette terrible journée a survécu aux années et comme il n’y a pas d’archives nationales au Maroc, la cinéaste a décidé « de réaliser un film sur la mémoire d’un quartier à travers des événements personnels (les souvenirs de mes voisins) et des événements historiques (les souvenirs de mon pays) » par ce procédé qui peut paraître étonnant de prime abord mais qui apporte énormément de poésie et aide la parole à se libérer. Quelle scène poignante que celle où Saïd raconte son histoire à l’aide de toutes ces figurines !
« Je n’essaie pas de documenter la véritable histoire de ma famille, mais de faire un film sur la multiplicité des points de vue et la pluralité des interprétations qui existent au sein d’un même foyer, non seulement dans l’intérêt de l’histoire familiale, mais aussi dans celui de l’Histoire nationale ».
Très beau film, audacieux et parfaitement maîtrisé dans sa forme, La Mère de tous les mensonges nous plonge dans une histoire collective bafouée à travers les histoires individuelles d’hommes et de femmes qui ont vu leurs vies complètement détruites.

Retrouvez l’entretien avec Asmae El Moudir sur Les sorties de Michel Flandrin (michel-flandrin.fr).